Quelques années auparavant, on parlait du risque que représentaient les banques à participation publique (STB, BNA et BH Bank). Le trio souffrait de pertes et un plan de sauvetage a été lancé. Aujourd’hui, les performances se sont nettement améliorées, et fin 2021, le bénéfice cumulé s’est élevé à 413,346 MTND. Seule la STB affiche encore des résultats reportés négatifs et qui seraient totalement effacés en 2022.
En dépit de cette amélioration, les agences de notation ne cessent d’insister sur la fragilité de ces établissements. En fait, ces banques sont soumises à des normes prudentielles tunisiennes qui restent à mi-chemin de celles utilisées à l’échelle internationale. La Banque centrale a préféré une approche progressive en mettant l’accent sur les ratios clés (Tier I en particulier) et sur une politique de provisionnement plus stricte. Le niveau des fonds propres, de l’ensemble du secteur d’ailleurs, ne permet pas d’aller plus vite vers l’harmonisation avec les règles internationales.
Pour le moment, ce qui inquiète c’est l’exposition à certains secteurs et aux entreprises publiques. La BNA finance le secteur agricole alors que la STB supporte les casseroles du tourisme. Vu que ces domaines sont critiques du point de vue social, ces banques sont souvent plus laxistes envers les professionnels sous les directives de l’actionnaire de référence, l’Etat.
Pour les entreprises publiques, l’exposition reste importante. Si nous prenons la BNA et la BH Bank, les engagements envers ces entités s’élèvent à 6 898 MTND fin 2021. L’incapacité de la majorité des établissements publics à générer suffisamment de liquidité met sous pression la qualité de l’actif de ces banques et affaiblit leur position vis-à-vis des agences de notation. In fine, ces banques appartiennent majoritairement à l’Etat et constituent l’un de ses bras financiers pour faire fonctionner l’économie.
Ces problèmes vont encore accompagner la STB, la BNA et la BH Bank pour longtemps. Tant que ces entreprises publiques ont des difficultés, le fardeau sera supporté par ce trio. Pour contourner cela, ces banques tentent de diversifier leurs financements pour les autres opérateurs de l’économie. Nous avons vu ces banques innover dans les produits et investir dans des systèmes d’information et dans le rebranding afin d’être plus compétitives. Cela leur a permis d’attirer des dépôts additionnels de 1 767 MTND en 2021, améliorant de la sorte leur solvabilité.
Il reste encore un long chemin à parcourir, mais les performances réalisées depuis 2015 encouragent à croire en ces banques. Les demandes de privatiser ces établissements ne sont plus aussi fréquentes qu’auparavant, bien qu’il convienne de profiter de la situation actuelle pour penser sérieusement à de telles opérations.