CONECT
La Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie a organisé la 5ème édition de sa conférence RSE Tunisie, dédiée à la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise. Pour cette année, la Conect a choisi de mettre l’accent sur l’investissement responsable. Présents lors de cette rencontre, étaient Tarek Cherif, président de la Conect, Zied Ladhari, ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale, Boutheina Ben Yaghlane, présidente de la CDC, et experts et chefs d’entreprise.
La RSE regroupe l’ensemble des pratiques mises en place par les entreprises dans le but de respecter les principes du développement durable sur les dimensions social, environnemental et économique. D’après Boutheina Ben Yaghlane, ces éléments deviennent d’une importance capitale dans l’activité des entreprises.
La Tunisie s’ouvre à la RSE
Pour la directrice générale de la CDC, la Tunisie a réalisé d’importants progrès en termes de RSE, ce qui lui a valu la 59ème position dans le classement établie par l’institut de recherches Respeco sur l’ouverture des pays à la RSE. Ceci marque une progression de 26 places en l’espace de 4 ans. (La Tunisie était à la 85ème place en 2013). Au Maghreb, a noté Ben Yaghlane, la Tunisie n’est dépassée que par le Maroc, à la 54ème position, et arrive loin devant l’Algérie qui se contente de la 124ème place.
D’après la DG de la CDC, les principes de la RSE se manifestent aussi bien sur le plan macro-, que micro-économique. Le plan quinquennal 2016–2020, à titre d’exemple, prend en considération les aspects sociétale et environnementale de la RSE bien que “de manière implicite”. Ce plan, explique-elle, repose sur 5 axes primaires dont le développement humain et l’inclusion sociale, et la concrétisation des ambitions des régions et l’économie verte. Sur le volet micro-économique, Ben Yaghlane a indiqué qu’on ne s’attend plus uniquement à ce que l’entreprise soit rentable financièrement ou performante sur les places financières. Les entreprises sont appelées à être engagées, respectueuses de son personnel et de son environnement, plus éthique et plus sociale. “La RSE est en train de s’imposer aujourd’hui comme une évidence, voire une opportunité pour plusieurs entreprises”, a-t-elle indiqué. La CDC, considérée comme étant le bras financier de l’État, se voit dans l’obligation de créer une dynamique économique à travers le développement, le soutien et l’accompagnement des PME porteuses de compétitivité et génératrices d’emplois, a déclaré sa directrice générale. “En ce faisons, nous avons annoncé notre volonté pour la promotion de l’investissement responsable”.
La RSE pour la sécurité alimentaire en Afrique
L’Afrique représente 60% des terres arables dans le monde et d’importantes ressources hydrauliques desquels seuls 10% sont exploités, d’après Charlotte Libog, représentante de l’ONG Afrique Grenier du Monde, et pourtant, le contient est le seul au monde à être importateur net de denrées alimentaires. “Nous sommes dans un contexte d’extrême urgence et il faut que l’Afrique renoue avec sa sécurité alimentaire”, a-t-elle indiqué. Et d’ajouter : “La situation de l’Afrique est certes une aberration, mais elle représente également une opportunité qu’il faut saisir par le secteur privé”. Pour Libog, ce secteur a la chance de créer de la richesse, mais il faut que ce soit de manière responsable en adoptant une véritable stratégie liée à la RSE dans le but de l’amélioration des conditions de vie des populations africaines. “Nous avons la chance d’avoir la possibilité de créer cette richesse de manière responsable, mais ceci nécessiterait de la sensibilisation” a-t-elle indiqué. “Il faut se poser la question sur la planète qu’on veut transmettre à nos enfants”.
La RSE, est-elle profitable ?
“Bpifrance a toujours eu une charte RSE dans son mode de fonctionnement qui permet de décliner des actions en interne auprès des collaborateurs de l’organisation”, a déclaré Anne Baudson, responsable de développement des partenariats internationaux à Bpifrance. Ces actions, explique-t-elle, passent à travers des semaines de sensibilisation au sujet de la RSE tout en accordant des temps de parole pour les salariés. Une plateforme sur l’intranet de Bpifrance a même été lancé et qui permet d’évaluer l’empreinte carbone au quotidien des collaborateurs. “Ceci permet une prise de conscience du rôle de chacun sur l’empreinte que nous allons laisser sur cette planète”, a indiqué Baudson. Bpifrance a même mis en place tout une série de démarches pour accompagner les entrepreneurs dans leurs démarches RSE.
Grâce à une approche environnementale, une entreprise de fabrication d’enveloppes a pu renouer avec les bénéfices après avoir enregistré de lourdes pertes, a indiqué Baudson. Pour se faire, l’entreprise a dû optimiser son utilisation de l’eau et réutiliser la chaleur dégagée par leur machine pour réchauffer le bâtiment, a-t-elle expliqué.
Les entreprises tunisiennes sont-elles aussi en train de prendre conscience des bienfaits de la RSE.
Nielson est une entreprise industrielle tunisienne qui conçoit et fabrique des machines pour traitement de déchets. Depuis 2014, l’entreprise a contribué à la création de plus de 650 emplois directs et indirects en aidant les chômeurs des régions défavorisées à lancer leurs propres projets de recyclage. “Nous aidons les gens à combattre la pollution tout en créant la richesse et réduisant le chômage”, s’est réjouit Mokhtar Zanned, le fondateur de l’entreprise. “Pour faire de la RSE, il faut atteindre une certaine maturité qui permet à l’entreprise de pouvoir gagner moins dans l’immédiat, pour gagner plus sur le long terme”. La RSE est-elle rentable ? Pour Zanned, la réponse est certainement affirmative : “Nous essayons d’avoir une performance économique, mais également d’être utile socialement et environnementalement”. D’après le chef d’entreprise, la RSE profite également aux collaborateurs de l’entreprise : “Nous avons un système de bonus où, quelque soit le niveau de compétence de la personne, le faite qu’elle rajoute quelque chose à la productivité est bonifié”, a indiqué Zanned. “Nous avons également installé une boîte à idée dans l’entreprise, grâce à laquelle nous avons pu déposer un brevet tous les 18 mois!”.