Les grèves se succèdent et se ressemblent en Tunisie ces jours-ci: la Poste, les municipalités, la STEG, les distributeurs de bouteilles de gaz, sans oublier que quelques semaines auparavant, les caisses sociales ont fermé leurs portes. Il s’agit de services clés pour les citoyens qui souffrent déjà d’une administration lourde et inefficace dans la plupart des cas. Vous pouvez tenter l’expérience d’aller chercher une prestation dans l’une de ces entités, et vous allez constater qu’il vous faut des heures pour un petit service qui ne nécessite rien!
Mais d’où provient cette force de frappe syndicale? En réalité, toute grève ne fait réellement mal que lorsqu’elle complique la vie à un maximum de citoyens et utilise leur colère comme un atout lors des négociations. Bien évidemment, il n’y a aucun gouvernement qui cherche à provoquer davantage les Tunisiens qui vont le sanctionner lors des prochaines élections.
Face à l’incapacité d’imposer un service minimum et à l’utilisation peu efficace du système de réquisition, il faut passer à la numérisation. Si tous les services administratifs peuvent être assurés en ligne, une grande partie de ces grèves n’auront plus de sens et leur impact sera moins lourd. Toutefois, même dans ce cas, et vu les récents chiffres qui montrent que le tiers des Tunisiens ne sont pas bancarisés, digitaliser aura un effet limité.
Nous ne pouvons pas blâmer les syndicats. En fait, ils sont en train d’assumer leur engagement vis-à-vis de leurs adhérents. Il faut plutôt se poser des questions sur l’impuissance inquiétante de l’exécutif face à leurs demandes, souvent excessives.
La solution pour rendre ces grèves moins douloureuses passe avant tout par une plus grande bancarisation, voire la rendre obligatoire, tout en misant sur des services à bas coûts. Il n’y a pas d’autres moyens efficaces car il est clair que le gap entre les revenus des ménages et le coût de la vie est en train de s’élargir à grande vitesse. La série des contestations actuelles n’est qu’un échantillon de ce qui nous attend tout au long de cette année électorale.