La première chose qu’un investisseur analyse lorsqu’il compte mettre son argent dans un secteur est son rythme de croissance. Dans le cas de la Tunisie, peu de secteurs sont sur une tendance positive ces derniers temps. La crise sanitaire a eu la peau de quasiment toutes les activités. Cependant, il y a quelques-unes qui semblent évoluer dans ce contexte morose.
Il y a, par exemple, l’extraction du pétrole et du gaz naturel qui a réussi à aligner 5 trimestres de progression de valeur ajoutée (en rythme annuel). En 2021, sa croissance annuelle a été la meilleure de tous les secteurs, avec un taux de 21,7%. C’est une revanche, puisque sur 2018-2020, cette activité a affiché neuf trimestres successifs de décroissance. Nous pouvons confirmer que c’est l’une des victimes de la révolution. L’octroi des permis d’exploitation est devenu compliqué et les contestations sociales ont poussé la majorité des opérateurs internationaux à quitter le pays. Maintenant, il y a une certaine stabilisation et la hausse des prix du baril est un facteur en faveur de la production nationale. Seulement, nous espérons que cette aubaine ne poussera pas les populations locales à de nouvelles contestations.
Nous trouvons également le secteur de la production et distribution d’eau, assainissement et gestion des déchets. Autrement dit, il s’agit de la Sonede. Cette branche détient à son actif cinq trimestres consécutifs de progression, et a terminé 2021 sur une note positive de 3,9%. Si nous éliminons les deux trimestres affectés par la Covid-19, le secteur a rarement affiché des baisses de valeur ajoutée.
La même série est affichée par l’enseignement, qui a repris des couleurs après la levée de toutes les restrictions sanitaires. Sa croissance était de 4,2% en 2021.
La santé humaine et l’action sociale ont pu réaliser 4 trimestres consécutifs de hausse de valeur ajoutée en rythme annuel, et atteindre une croissance de 5,2% sur tout l’exercice. Le secteur a également profité d’un retour au fonctionnement normal. Les activités des organisations associatives ont également signé quatre trimestres de progression.
En rythme séquentiel, seuls trois secteurs ont pu signer des hausses trimestrielles de valeurs ajoutées tout au long de 2021: la santé humaine et l’action sociale, l’enseignement, et l’administration publique et Défense. Toutes les autres activités ont évolué en dents de scie.
Le problème dans ce que nous venons d’expliciter est que la croissance réside dans les secteurs où l’Etat est l’acteur principal et où les opérateurs privés sont peu actifs. Vous comprenez donc pourquoi les choses n’avancent pas!