La Tunisie était championne toutes catégories en termes d’absorption de financements et, au cours des 10 dernières années, la BEI a financé 36 projets pour un montant total de 2,4 milliards d’euros (7 milliards de dinars). Jean-Luc Revéreault, chef de la Représentation de la Banque européenne d’investissement (BEI) en Tunisie et en Algérie, affirme qu’un gros milliard d’euros dort dans les comptes en attendant l’avancement des projets, dont certains sont à l’arrêt!
« La BEI a accompagné la Tunisie dans toutes les périodes, elle a toujours répondu présent lors des crises économiques, institutionnelles, sanitaires… avec financements et savoir-faire à l’appui de projets d’investissement solides et durables visant l’amélioration de la qualité de vie», atteste Jean-Luc Revéreault, chef de la Représentation de la BEI, qui souligne qu’avec 13%, la Tunisie est le premier bénéficiaire (par habitant et /PIB) des prêts de la BEI dans la région et dans le monde.
C’est ainsi qu’au cours des 10 dernières années, la BEI a financé 36 projets pour un montant total de 2,4 milliards d’euros (7 milliards de dinars) dont le tiers a été alloué aux PME, TPE et microentreprises ainsi qu’aux grands secteurs industriels et dont les deux tiers ont été octroyés à l’État et aux entreprises publiques. La banque, qui traditionnellement vient essentiellement appuyer le secteur public, se tourne plus vers les pépites du secteur privé qui ont une forte capacité à investir et à exporter… et là où l’accélération des projets n’a pas fait défaut. La Banque est vraisemblablement le premier bailleur international qui passe complètement au vert.
La BEI ne s’engagera sur aucun projet qui ne respecte pas l’environnement et qui n’est pas conforme aux objectifs de développement durable.
Engagements dans l’environnement, l’éducation, le transport, l’industrie
Les projets financés par la BEI en Tunisie sont dans le secteur de l’éducation (modernisation des établissements scolaires : 70 millions d’euros), le secteur du développement urbain (programme de régénération des centres anciens pour 6 millions d’euros), le secteur de l’environnement – eau & assainissement – (Onas IV avec 40 millions d’euros; dépollution intégrée de la région du lac de Bizerte pour 40 millions d’euros; Depolmed avec 69,6 millions d’euros; appui au secteur de l’eau potable avec 38 millions d’euros), dans les infrastructures de transport (projet RFR avec 119 millions d’euros pour l’infrastructure et 83 millions d’euros pour le matériel roulant; modernisation des infrastructures routières avec 163 puis 150 millions d ‘euros; l’autoroute Sfax-Gabès avec 234 millions d’euros), le soutien à l’industrie (OneTech holding pour 21 millions d’euros; projet Nawara avec 380 millions d’euros; TunisieTélécom avec 100 millions d’euros; le Groupe chimique tunisien avec 74 et 140 millions d’euros).
Baptisée, depuis l’année dernière, la banque du climat, la BEI exclut depuis toutes les énergies fossiles, y compris le gaz naturel, de ses financements et appuie la stratégie nationale de transition énergétique qui vise à porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 30% à l’horizon 2030.
Des problèmes qui coûtent 1 milliard d’euros!
Si la BEI devance toutes sortes de problèmes de gouvernance en usant des décaissements progressifs, il existe un nombre inimaginable de difficultés auxquelles elle doit faire face, notamment sur la médiocrité de la faculté d’absorption de la Tunisie:
« Enormément de prêts ont été signés, mais le décaissement est relativement bas: sur les 3 milliards d’euros d’exposition, « il y a un milliard d’euros non décaissé à la BEI; un montant considérable à la disposition de l’économie tunisienne qui ne le revendique pas et qui pourrait servir à faire des projets, payer des entreprises qui travaillent sur les chantiers… Depuis que je suis arrivé, ma priorité est d’essayer d’accélérer le rythme des décaissements ».
Les raisons en sont diverses: l’incapacité des promoteurs à mettre en œuvre les standards des bailleurs (marchés publics, appels d’offres, règles environnementales et sociales, hygiène et sécurité), le décalage entre les standards propres à tous les bailleurs et les standards tunisiens, la conformité des promoteurs, le respect des standards d’expropriation sur les projets routiers, l’absence d’un mécanisme conforme pour le traitement des plaintes, le manque d’information, les indemnisations incorrectes (y compris le préjudice indirect), les retards pour des mois…
D’où les regrets de Jean-Luc Revéreault: « Au cours des deux dernières années, on a ralenti le rythme des signatures: ma priorité, c’est le décaissement du milliard d’euros à disposition après une année 2021 où 63 millions d’euros seulement ont été déboursés pour la Transtu, OneTech, Enda! ».