Saima Samoud, pétillante et débordante d’énergie, apporte avec sa culture le sourire et l’envie d’avancer. Dans le secteur culturel où chaque projet apporte son lot d’entraves, Saima Samoud avance, construit et met en lumière la culture musicale tunisienne. A l’occasion de la réception de son prix en tant que Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Managers réalise un portrait de cette violoniste qui a su s’imposer.
Titulaire d’un baccalauréat mathématiques, elle a suivi une année en Beaux-Arts, puis elle est passée à l’Institut supérieur de musique où elle a décroché son diplôme haut la main en tant que major de promotion. Elle a enchaîné avec un doctorat en musicologie de l’université Paris-Sorbonne. Elle a ensuite intégré l’Institut supérieur de musique en tant que maître assistante. Elle y a organisé des concerts et des masterclass. Dans cet établissement, elle a été membre fondateur de trois associations, l’association Aturemm (association de recherche en musique et musicologie), le Jazz Club de Tunis et Musiques Plurielles dont elle est la présidente. Saima Samoud ne s’arrête jamais, elle admet être une hyperactive: “J’ai joué à l’Orchestre symphonique depuis l’âge de 17 ans. J’ai également travaillé avec des organisations telles que l’Institut français ou les ambassades. J’ai été élue comme chef de département à l’Institut supérieur de musique. Puis, en 2015, j’ai été élue au ministère des Affaires culturelles pour occuper le poste de direction de musique et danse”.
Le chapitre du travail pour une institution publique s’ouvre pour la musicienne. Elle a dirigé le palais Abdellia, ainsi que le pôle Musique et opéra de la Cité de la Culture. Elle a été membre de jury, conseillère artistique pour de nombreux festivals.
Elle s’occupe actuellement de Ennejma Ezzahra, étant également à la tête du Desk Europe Créative qui est un fonds européen pour la culture en Tunisie.
A l’académie musicale de la Cité de la Culture, elle avoue avoir été marquée par le dynamisme des jeunes musiciens. Le Jazz Club de Tunis et ses albums produits montrent clairement la vivacité de ce club, son ouverture et son innovation. Les hubs créatifs ne sont pas en reste, ils mettent en contact les artistes et les porteurs de projet.
Surprise par cette décoration venue à son âge, elle est fière d’avoir reçu le titre qui consacre sa contribution à la scène musicale tunisienne. “J’ai été très émue lorsque j’ai reçu cette lettre, remise par un coursier en voiture diplomatique. J’ai également reçu le diplôme de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Je souhaite ne pas demeurer sur les acquis d’un patrimoine passé, mais développer de nouveaux projets à fort impact”.
Sa stratégie: lancer des projets et les laisser suivre leur chemin. “J’ai travaillé dans l’ombre, et j’ai été surprise que mon nom ait passé toutes les sélections. En effet, les sélections passent par l’ambassade de France, par la ministre française de la Culture…”.
La prochaine cérémonie dont elle a hâte: recevoir la décoration lors de la cérémonie physique. “Je suis heureuse de recevoir cette preuve de reconnaissance institutionnelle. Elle a énormément de valeur. Cette appréciation est plus forte qu’un mot d’encouragement, il s’agit d’une décoration officielle. Cela m’encourage à m’investir encore plus et à créer encore d’autres projets. Il s’agit d’une importante motivation. Pour faire rayonner la culture tunisienne à l’international, il suffit d’un peu d’encadrement”.
Lorsqu’elle se projette dans l’avenir, elle croit fortement dans le potentiel de la digitalisation. “Je suis concentrée sur tout ce qui est digitalisation. La mondialisation à travers les réseaux sociaux et Internet. Les Tunisiens sont très sensibles à tout ce qui est informatique, numérique. La pandémie n’est pas un frein, même si elle a réduit la mobilité de la culture et des artistes. La mondialisation à travers Internet nous pousse à améliorer notre niveau parce que nous sommes en concurrence avec le reste du monde. Nous devons faire preuve de résilience. Nous n’avons jamais autant travaillé que pendant le confinement, nous avons travaillé sur des projets structurants”.
L’étape suivante sera l’accès payant à la culture, qui se répandra à plus large échelle pour le grand public. “Le fait de payer pour avoir accès à du contenu culturel est encore peu développé en Tunisie. Il faut faire évoluer les mentalités. Les médias ont un rôle important pour faire connaître les entrepreneurs”.