Zeineb Farhat nous parle de son label collectif illustré dans le logo Sejnania, la réalisation d’une édition limitée avec Yunus Social Business Global Initiatives (YSB), l’intégration des artisanes dans les circuits de distribution, l’accueil de la designer Myriam Besbès en résidence, l’exposition de poteries à El Ebdelliya, la présence des potières sur le billet de 10 dinars… Des preuves que la poterie de Sejnane s’est élevée au rang d’art et s’exporte dans le monde.
A partir de simples poteries artisanales quasi inconnues en dehors d’un cercle assez restreint de connaisseurs, le groupement d’intérêt économique (GIE), Zeineb Farhat, la coordinatrice, a développé une large niche de plus en plus prometteuse pour la poterie de Sejnane. Ses ambitions se poursuivent dans trois grandes directions : permettre aux potières d’accéder à des circuits de commercialisation en Tunisie et à l’étranger, améliorer la qualité de la poterie de Sejnane en préservant l’identité de cet héritage tout en laissant aux femmes une marge de créativité, promouvoir la poterie de Sejnane comme marque collective organisant des ateliers d’initiation et participant aux salons et aux foires en Tunisie et à l’étranger !
Une story, pas seulement un produit
De grandes ambitions que Zeineb Farhat place dans une logique de chasse à la valeur ajoutée : « Nous ne vendons qu’après avoir valorisé les poteries de Sejnane. Il s’agit désormais d’un produit authentique dont le savoir-faire est classé patrimoine de l’Unesco depuis 2018. C’est une reconnaissance de notre formation des potières ainsi que de la promotion et la distribution de ces poteries sous une marque et une certification collectives ».
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le groupement réunit actuellement 100 potières de Sejnane alors qu’elles n’étaient que 35 en 2012. Et quatre d’entre elles sont membres du conseil d’administration ! Derrière les chiffres, une foule d’avantages compétitifs interpellent ces femmes rurales, à commencer par la création d’emplois permanents pour ces dames de Sejnane qui reconnaissent que leurs revenus ont augmenté. « Il y a aussi un impact très important, car nous proposons l’achat d’une story et pas seulement d’un produit, notamment la garantie de la marque de Sejnane, l’injection des bénéfices par le GIE dans le projet pour promouvoir des activités d’économie sociale et solidaire (par exemple, la construction d’un rond-point, la création d’un espace de vente pour les potières), des partenariats avec des artistes reconnus en Tunisie, la création d’une édition limitée de produits de Sejnane », détaille Zeineb Farhat.
De potières à entrepreneures
Dans ses efforts de valorisation du travail des femmes rurales, le Groupement des Potières de Sejnane bénéficie de l’appui d’Impact Partner qui s’est engagé à soutenir des startups et des PME à fort impact social, d’abord en matière d’accompagnement technique pour améliorer la proposition de valeur, jusqu’à par exemple la formation de la gestionnaire en comptabilité, mais ce n’est pas tout : « Impact Partner est également le bailleur de fonds du projet et, grâce à lui, toutes les potières du groupement ont reçu une rente de plus de 3.000 dinars directs, en plus de commandes sur toute l’année. Sur la même ligne, nous sommes montés en gamme et les produits sont proposés à des prix plus forts ».
Zeineb Farhat se dit également fière de la campagne solidaire en période de Covid-19 alors que le GIE a favorisé des achats chez les 100 potières. Ce sentiment de réussite culmine quand elle nous parle de son label collectif qui s’exprime par le logo Sejnania, la réalisation d’une édition limitée avec Yunus Social Business Global Initiatives (YSB), l’intégration des artisanes dans les circuits de distribution, l’accueil de la designer Myriam Besbès en résidence de 6 mois avec 30 potières, l’exposition de poteries à El Ebdelliya, la présence des potières sur le billet de 10 dinars… Des preuves que la poterie de Sejnane s’est élevée au rang d’art et s’exporte dans le monde ; une liste impressionnante de performances qui se poursuivent vers des projets futurs.
Notre interlocutrice voit grand : « Nous poursuivons notre travail de formation, marketing, commercialisation, lobbying et plaidoyer ainsi que l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. On ne parle plus de potières, mais d’entrepreneures (elles font de l’élevage et se diversifient). Nous avançons dans la création de notre marque collective qui renforce la réputation de toute une région, nous fignolons aussi la notion d’historique (traçage jusqu’à la potière qui a créé tel produit) avec un identifiant en 2022. Et comme nous avons finalisé le canal digital, nous allons travailler plus à l’export ».