Parmi les aspects positifs de la loi de finances 2022, nous trouvons les mécanismes de soutien envisagés au profit des entreprises, notamment en matière de financement.
L’Etat compte créer une ligne de crédit pour les artisans et les petits promoteurs qui pourront s’offrir des prêts allant jusqu’à 5 000 TND pour financer leurs activités en 2022. Ces prêts sont sans intérêts et seront remboursés sur une durée maximale de 4 ans, dont une année de grâce. La ligne est de 25 MTND, ce qui signifie 5 000 bénéficiaires potentiels.
Une deuxième ligne de financement de 30 MTND sera dédiée aux entreprises opérant dans l’Economie sociale et solidaire. Les crédits à accorder seront caractérisés par des conditions préférentielles et peuvent atteindre 150 000 TND.
Les PME pourront également bénéficier d’une bonification de taux pour les crédits d’investissement obtenus jusqu’à fin décembre 2022. Ce bonus est de 3%, ce qui permet aux entreprises de s’endetter quasiment aux TMM.
Les SICAR et les FCPR auront le prolongement d’une année des avantages fiscaux accordés aux fonds non encore utilisés à la fin de 2021, et ce, pour aider les entreprises qui veulent investir.
Enfin, les entreprises totalement exportatrices pourront écouler 50% de leurs productions sur le marché local tout en conservant leurs statuts.
Globalement, l’Etat semble être conscient des problèmes d’accès aux ressources pour les sociétés tunisiennes. Il a ainsi tenté de donner la possibilité aux sociétés de différentes tailles à travers les lignes de crédit. Il a également travaillé sur la question du taux d’intérêt, montrant que les décideurs savent bien que le TMM ne bougera pas vers le bas en 2022. Pour ceux qui cherchent des fonds propres, ils n’ont qu’à s’orienter vers les professionnels du Private Equity. Et si l’entreprise est exportatrice et souffre d’un problème de carnets de commandes, le marché local pourra aider.
L’intention est bonne, mais il y a un problème de moyens. Pour faire redémarrer l’économie qui consomme plus de 3 milliards de dinars de crédits nets additionnels par an, deux lignes de 50 MTND ne peuvent pas changer grand-chose. Il faut des montants beaucoup plus élevés pour créer une vraie dynamique d’investissement. Des secteurs entiers agonisent et même s’ils peuvent profiter de ces mesures, c’est juste un sursis et non une solution durable.
C’est pourquoi l’enjeu des grandes réformes dépasse la question budgétaire. La Tunisie ne peut pas continuer à fonctionner juste pour payer une masse salariale. Il faut que ces entreprises qui paient l’impôt puissent avoir un retour sous forme d’encouragements et de facilités de financement qui ne sont possibles que si l’Etat dégage une marge de manœuvre. C’est le seul moyen pour créer de l’emploi et de la richesse, sinon nous sommes tous perdants sans nous en apercevoir.