Les banques sont les principaux souscripteurs aux Bons du Trésor émis par l’Etat. Sur les huit premiers mois de l’année, l’encours a atteint 12 710 MTND, soit 9,2% de l’actif du secteur. Pour rappel, fin décembre 2020, cet encours était de 10 043 MTND. Les banques ont donc injecté 2 667 MTND.
Depuis, plusieurs opérations ont eu lieu, comme celle d’hier qui a permis au Trésor de lever 435,3 MTND sous forme de BTA. Les récentes émissions BTCT sont des transactions blanches car elles vont servir à effectuer des remboursements de lignes arrivés à échéance. L’exposition des banques aux titres de l’Etat atteindrait les 13 milliards de dinars à la fin de l’exercice en cours.
Ce montant, qui représente près de 10% de l’actif total du secteur, a des implications.
Primo, toute difficulté macroéconomique va directement affecter la qualité des bilans des banques. D’ailleurs, c’est la principale raison pour laquelle les agences de notation ne cessent de qualifier le système bancaire tunisien de fragile. Toute dégradation du rating souverain est automatiquement suivie du même mouvement pour les banques (notation en devises étrangères), ce qui rend l’accès aux ressources externes encore plus compliqué.
Secundo, les revenus de ces Bons du Trésor permettent de compenser, partiellement, la dégradation de la qualité de l’actif et la rareté des projets qui respectent les exigences de gestion des risques. D’ailleurs, les revenus de portefeuilles d’investissement ont représenté 27,3% du PNB des banques cotées sur la Bourse de Tunis sur les trois premiers mois de l’année, contre 24,9% à la même période en 2020. L’Etat reste le meilleur client et il n’a jamais manqué à un rendez-vous sur le marché local.
Tertio, cette activité n’a pas d’impact sur le rythme d’octroi de crédits aux entreprises. Intervenir sur le marché financier est l’une des principales activités d’une banque. Selon les chiffres de la BCT, les banques ont octroyé 2 004 MTND de crédits nets aux différents secteurs économiques, ce qui n’est pas peu. La plupart des sociétés qui ne sont pas en train d’accéder aux financements ont un profil de risque élevé et c’est là que réside tout le problème. L’une des caractéristiques de l’entreprise tunisienne c’est qu’elle est sous-capitalisée et très endettée. A un certain moment, cette capacité d’emprunter est saturée et il faut restructurer pour améliorer ses ratios.
Tous les indices actuels montrent que, pour la prochaine année, la physionomie ne changera pas. Les banques vont intensifier leur endettement pour l’Etat et être plus dures dans la sélection des risques corporate. Les entreprises doivent chercher à diversifier leurs sources de financement, sinon une bonne partie d’entre elles risque la disparition.