Maher Ben Ismail, gérant du domaine Ben Ismail qui produit la marque Triomphe Thuccabor, n’est pas satisfait de la récolte 2021-2022 d’olives. Cela malgré le récent succès de la marque, puisqu’elle a remporté un prix.
En effet, mercredi, la marque Triomphe Thuccabor de la Réserve Ben Ismail a remporté la médaille d’or au concours de la meilleure huile d’olive vierge tunisienne. Ce prix a été décerné dans la catégorie fruitée vert intense. Le concours a été organisé par l’Office national de l’huile, parrainé par le Conseil oléicole international (COI).
Mais alors, qu’en est-il de cette nouvelle récolte ? Comment se portera l’huile d’olive tunisienne pour cette nouvelle saison ?
Un rendement très médiocre malgré une récolte en quantité
“La production de 2021-2022 est moyenne en termes de litres. Elle est de 220 mille tonnes d’huile d’olive, avec une marge d’erreur de 5%. La raison de cette production est que malgré la présence d’olives à la récolte, le rendement était très médiocre”, déclare Maher Ben Ismail.
Il explique : “Une tonne d’huile d’olive avait un rendement de 20%. Cette année est hors norme en termes de rendement, puisqu’il est de seulement 10%. C’est la première fois en plusieurs décennies que le rendement est tombé aussi bas”.
Des conséquences désastreuses du climat
Cette chute de rendement est catastrophique à tous les niveaux. “C’est une grave situation pour les agriculteurs, les conditionneurs, les huileries qui achètent des olives et se retrouvent avec une production qui n’est pas rentable”.
Les raisons de cette chute de rendement sont directement liées à la météo. “La composition de l’huile dans l’olive a lieu en août et en septembre”, dit Ben Ismail. “L’olivier a besoin de 10 mm d’eau minimum pour composer l’huile. Cette année, il y a eu la canicule en août et en septembre, avec des températures à 50°C en août et à 40-45°C en septembre. Donc la composition de l’huile n’a pas eu lieu. Cette situation est similaire en Italie et en Espagne. Le fruit de l’olivier n’a pas constitué son huile”.
Il s’agit des conséquences du réchauffement climatique. “Avant, les oliviers recevaient les 600 à 700 mm par an nécessaires à leur croissance. Aujourd’hui, ils reçoivent à peine 200 mm. Les olives sont des fruits comme les autres qui se dessèchent face au manque d’eau et à la chaleur”.
La qualité sera-t-elle, malgré cela, au rendez-vous ?
“Lorsqu’on parle de qualité, on parle également de chaîne de valeur et du contrôle de process de production. A cause de la sécheresse, l’huile d’olive risque d’avoir beaucoup de défauts, comme le goût du bois et la maladie de mouche. Ainsi, la sécheresse diminue la qualité”, synthétise Ben Ismail.
Pouvons-nous espérer une bonne récolte prochainement ? “L’effet d’alternance, qui est bien connu, consiste à avoir une bonne récolte d’une année sur l’autre. Avec la sécheresse, cet effet est maintenant d’un an sur quatre”, conclut-il.