L’enseignement primaire privé connaît ses meilleurs jours en Tunisie. Partout dans le pays, et particulièrement dans le Grand Tunis, cette industrie est devenue un business extrêmement rentable, surtout avec les défaillances des établissements publics.
La question concerne tous les aspects du processus éducatif. Dans les esprits, les parents qui choisissent l’enseignement étatique mettent en péril la sécurité de leurs enfants. Ce qui s’est passé à Ezzahra il y a quelques semaines n’a fait qu’enraciner cette conviction. L’entourage des écoles n’est pas forcément bien sécurisé et dépend de la présence des forces de l’ordre.
Quant à la gratuité du service, cela n’est plus le cas depuis des années. Les parents sont appelés à faire des efforts financiers, sous différentes formes, pour améliorer la qualité du quotidien de leurs enfants. L’Etat n’a plus les moyens et l’entretien de ses établissements, et c’est aux grandes entreprises de le faire dans le cadre de leur responsabilité sociétale. Les banques et les assureurs ont lancé un vaste programme dès l’année dernière, mais c’est loin d’être suffisant.
De plus, il y a la question des cours particuliers qui irritent les familles. Les heures creuses sont également une préoccupation car les écoles publiques n’ont pas les ressources humaines pour assurer la garde des enfants et ces derniers sont jetés dans la nature.
Les familles préfèrent donc supporter un fardeau financier en contrepartie d’une prise en charge complète englobant l’enseignement et l’encadrement. De leur côté, les écoles privées n’ont jamais manqué d’innovation. On segmente tous les services et on les facture : clubs, garderie, cantine, transport, divertissement, etc. Les parents ne peuvent pas refuser les souhaits de leurs enfants car cela risque de les mettre sous le feu de la stigmatisation de leurs camarades.
Selon les chiffres de l’INS, le prix moyen d’un mois d’enseignement privé s’élève à 442 TND en 2021 contre 360 TND seulement l’année scolaire précédente. Une hausse inédite qui traduit la volonté des établissements à récupérer leurs pertes encaissées en 2020 à cause de la crise sanitaire. Avec ce montant, avoir une centaine d’élèves dans son établissement permet de réaliser un chiffre d’affaires de presque 400 000 dinars par an, ce qui est largement rentable. Le secteur, par toutes ses branches, consomme de plus en plus de ressources auprès des banques et l’encours des crédits accordés est de 400,581 MTND fin septembre 2021, dont 85% à moyen et long terme. C’est un business qui nécessite de l’investissement mais qui peut générer assez de liquidité pour gérer confortablement sa trésorerie.
Si vous manquez d’idées pour un projet, le secteur peut encore évoluer puisque près de 90% des élèves évoluent toujours dans le public, dont une majorité en quête d’enseignement privé à coût accessible.