Il a fallu que l’Afrique soit frappée par une pandémie mondiale pour que le continent se rende compte de la nécessité de développer sa capacité à produire des vaccins. Car, malgré son historique épidémique tourmenté, le continent a toujours préféré importer ses vaccins d’ailleurs.
Au fait, le continent importe 99% de ses besoins en vaccins (toutes maladies confondues). Ceci devrait changer prochainement.
Africa CDC, une agence de santé publique de l’Union africaine, compte mettre en place 5 usines pour fabrication de vaccins, à raison d’une usine par région (Nord, Ouest, Centre, Est et Sud). À travers cette initiative, Africa CDC vise à produire 60% des besoins quotidiens de l’Afrique en vaccins d’ici 2040.
Le marché des vaccins en Afrique valait 1,3 milliard de dollars en 2020. “En extrapolant ce chiffre, et à l’exclusion des vaccins Covid-19, nous envisageons une taille de marché de 3 à 6 milliards de dollars par an d’ici 2040”, a déclaré à fDi Intelligence Tania Holt, partenaire principale de McKinsey.
Pour la région Nord, plusieurs pays sont actuellement sur la shortlist d’Afrique CDC : l’Algérie, l’Égypte et… la Tunisie. Au fait, la Tunisie a été classée par fDi Intelligence comme la deuxième destination la plus compétitive pour l’industrie pharmaceutique dans tout le continent africain.
En parallèle, le géant Moderna cherche à installer sa propre usine de fabrication de vaccins avec la nouvelle technologie mRNA en Afrique. L’entreprise prévoit en effet d’investir jusqu’à 500 millions de dollars dans cette nouvelle installation qui devrait inclure la fabrication de substances médicamenteuses.
Moderna a indiqué dans un communiqué publié en octobre dernier qu’elle prévoit de lancer prochainement un processus de sélection de pays pour abriter sa nouvelle usine. L’importance d’un tel investissement va bien plus loin que l’impact direct de son installation en termes de créations d’emplois.
Une telle usine va en effet engendrer la genèse de tout un écosystème développé d’entreprises ― et pas que dans l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’initier un important transfert de know-how.
Et pourtant!
Les autorités tunisiennes ne semblent pas intéressées par le sujet. Contactées par nos soins, les agences chargées de l’investissement n’ont pas pu nous assurer que le dossier est dans leur radar ― encore moins que la Tunisie ait entamé des actions proactives pour tenter d’attirer ces projets.
Dans une interview accordée à Reuters, Noubar Afeyan, cofondateur et président de Moderna, a souligné que “ce qui nous importe le plus, ce sont les conditions dans lesquelles nous pourrions opérer. C’est-à-dire le système de santé… la présence de personnes formées qui peuvent au moins nous aider sur certains des tests cliniques qui doivent être effectués”. La Tunisie peut bel et bien être le candidat parfait!
Espérons que les choses vont changer prochainement.