L’Etat a fini par lever la jolie somme de 621,016 MTND au titre de la troisième tranche de l’Emprunt national. Ainsi, en globalité, cette opération a rapporté au Trésor 1 804 MTND, une vraie réussite dans le contexte actuel.
Cet emprunt était programmé dans le cadre de la Loi de Finances 2021, mais avec une différence de taille : un objectif initial de 600 MTND seulement, un montant déjà collecté dès la première sortie. L’absence de financements externes a poussé le ministère des Finances à diversifier ses méthodes de levées de fonds auprès des opérateurs locaux.
Maintenant, la vraie question qui se pose concerne la capacité des banques et des assureurs à financer le budget de 2022.
Pour y répondre, il faut jeter un coup d’œil sur le calendrier des remboursements de l’année prochaine. Il y a trois lignes seulement de BTA, mais pas n’importe lesquelles car leur total s’élève à 2 513,691 MTND. Il y aura également six lignes de BTC d’une valeur de 1 834,400 MTND, sans compter les nouvelles émissions attendues pour le mois de décembre. En tout, c’est 4 348 MTND à rembourser, et au cas où l’Etat réitère ce qu’il a fait au début de ce mois, en émettant massivement des BTC, le seuil des 5 000 MTND en 2022 de paiements sera une évidence.
Si l’Etat rembourse effectivement ses dettes sans recourir à de nouvelles levées pour les compenser, les banques et les assureurs trouveraient de la liquidité pour réinvestir dans les différents papiers offerts sur le marché. Toutefois, c’est loin d’être le cas car les moyens du souverain ne le permettent pas. L’encours va donc s’accumuler davantage alors que la capacité des banques, en particulier, à supporter un tel risque est de plus en plus limitée. D’ailleurs, la notation de ces établissements est devenue très sensible à celle de l’Etat car tout défaut de paiement de ce dernier va mettre tout le secteur à genoux.
A court terme, il n’y a pas réellement d’autres solutions sauf si le gouvernement décide de céder des actifs et d’utiliser les recettes pour se désendetter localement. D’ici là, les banques vont continuer à financer l’Etat et rester enfermées dans un cercle vicieux tuniso-tunisien qui atteindra bientôt ses limites.