L’économie digitale est un secteur de pointe en Tunisie et n’a pas été impactée par la crise de la Covid-19.
En effet, avec la part du lion dans le PIB de 12% dans l’économie tunisienne, c’est l’un des rares secteurs qui continue à embaucher, à investir, à exporter, et fait de la Tunisie un vrai hub digital en Afrique.
Avec l’ancien gouvernement Fakhfakh et sous son ministre Fadhel Kraiem, un vrai spécialiste de l’économie digitale, qui a roulé sa bosse comme premier responsable informatique chez Maroc Télécom, puis comme directeur général au sein du groupe Monoprix et enfin en tant que directeur général de Tunisie Télécom. Il y a eu un réel plan pour faire du digital le fer de lance de l’économie tunisienne.
Sous le règne du gouvernement mis en place par le président Kaïs Saïed et la cheffe du gouvernement Najla Bouden, on observe un ralentissement des projets lancés et une absence de nouveaux projets, du moins pour le moment.
Avec une préférence pour les solutions importées au détriment des prestataires et des solutions tunisiens, et pour étayer mes propos, je citerais seulement trois projets.
La refonte logicielle a été confiée à une société grecque pour 12 millions d’euros, la Poste souhaite acquérir un logiciel SAP de comptabilité pour un budget approximatif de 20 millions d’euros et le projet de la plateforme d’interconnexion des systèmes d’information de l’administration tunisienne cherche à acquérir la solution estonienne d’API Management pour un budget estimé à 6 millions d’euros et avec un crédit étranger.
Alors que l’expertise locale existe et se positionne comme leader en Afrique.
Pour illustrer cette maladie tunisienne, je vous livre la dernière mésaventure vécue lors d’un retour d’un voyage à l’étranger.
En effet, je fus surpris lors de mon retour d’un voyage professionnel de la nouvelle procédure de mise en place d’un test rapide, et ce, malgré la présentation d’une attestation de test PCR d’une structure publique et d’un pass vaccinal.
Car face à de fausses attestations PCR, notamment dans certains pays, le ministère de la santé publique est contraint d’appliquer cette nouvelle procédure sur tous les voyageurs de certaines provenances, comme la Turquie.
Mais ce que je ne comprends pas, c’est que dans le pays le plus digitalisé en Afrique on continue à utiliser le stylo et le papier.
Je ne vous décris pas le cirque de cette opération à l’aéroport.
Sachez que des pays comme le Togo ou le Bénin font obligatoirement un enregistrement à l’avance sur une plate-forme digitalisée, où on introduit toutes les données : numéro de passeport, vol, provenance et surtout une copie scannée du test PCR.
Ce qui permet deux choses : vérifier à l’avance la validité du test PCR et blacklister les laboratoires fautifs.
Et surtout faciliter la procédure de test rapide, en procédant lors du test à une simple lecture scannée du passeport, puisque toutes les données ont été déjà introduites par le voyageur lui-même.
Ce que j’ai observé et enduré ne fait honneur ni à notre pays ni au secteur du digital.
Un exemple du réel décalage entre l’offre digitale du secteur privé et la réalité des entreprises et des administrations publiques.