Alors que les autorités tunisiennes semblent ne pas être intéressées par les crypto-monnaies et la DeFi, Singapour cherche à sécuriser sa place en tant que hub mondial de cette nouvelle industrie.
C’est du moins ce qu’a confirmé Ravi Menon, directeur général de l’Autorité monétaire de Singapour, régulateur des banques et des institutions financières dans le pays. “Nous pensons que la meilleure approche n’est pas de réprimer ou d’interdire ces activités”, a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à Bloomberg.
Menon a reconnu, dans ce cadre, que les banques et autres institutions financières de son pays seront confrontées à plusieurs défis avec la décentralisation croissante et rapide de la finance. Néanmoins, Singapour veut être “bien positionnée” pour 2030, date à laquelle “une économie de tokenisation” pourrait arriver, a-t-il déclaré.
Singapour n’est certainement pas le seul gouvernement avec des ambitions cryptographiques : Dubaï, Miami, El Salvador, ou encore Malte font également des efforts considérables pour séduire les entreprises de ce secteur. Les risques sont néanmoins importants surtout que cette industrie est peu régularisée à travers le monde.
La Cité-État veut changer cela.
Menon a confirmé dans ce cadre que le régulateur mettra en place une “réglementation stricte”. “Avec les activités basées sur la cryptographie, il s’agit essentiellement d’un investissement dans un avenir prospectif, dont la forme n’est pas claire à ce stade”, a déclaré Menon, qui dirige le MAS depuis environ une décennie.
Pour Menon, ce risque mérite d’être pris. “Prendre parti tôt dans ce jeu signifie que nous pouvons avoir une longueur d’avance et mieux comprendre ses avantages potentiels ainsi que ses risques”, a-t-il argumenté.
Cette approche a déjà porté ses fruits.
Singapour a réussi à attirer des géants de la crypto-monnaie tels que Binance et Gemini. Au fait, ce sont quelque 170 entreprises qui ont déposé des demandes de licence au régulateur, ce qui porte à environ 400 le nombre total d’entreprises cherchant à opérer dans le pays.
Malgré cette demande, le régulateur semble insister sur le respect des normes mises en place. En effet, seules trois entreprises de cryptographie ont reçu leurs licences tandis que deux ont été rejetées.
Parmi les entreprises qui ont vu leur demande approuvée se trouve la branche de courtage de DBS Group Holdings, la plus grande banque du pays! Pas surprenant lorsqu’on sait que l’entreprise est pionnière dans la mise en place d’une plate-forme de négociation de tokens numériques.
Le régulateur prend le temps d’évaluer les candidats pour s’assurer qu’ils répondent à ses exigences élevées, a déclaré Menon. Son agence a également renforcé ses ressources pour faire face aux volumes élevés d’opérateurs de services potentiels, a-t-il assuré.
“Nous n’avons pas besoin de 160 d’entre eux pour s’installer ici”, a-t-il ajouté.
Menon a déclaré que les avantages d’avoir une industrie cryptographique locale bien réglementée pourraient également s’étendre au-delà du secteur financier.
“Si et quand une crypto-économie décolle nous voulons être l’un des principaux acteurs dans cette industrie”, a indiqué Menon. “Ceci pourrait aider à créer des emplois et de la valeur ajoutée, et je pense que les autres secteurs de l’économie y gagneront potentiellement.”