Le gouverneur de Banque Centrale de Tunisie (BCT) Chedly Ayari, pour lequel l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) décidera demain jeudi 15 Février quant à son limogeage ou non, a été auditionné, ce matin au siège de l’ARP sur la question du classement de la Tunisie dans la liste noire de l’UE aux pays tiers exposés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme.
Chedly Ayari qui devait s’expliquer et clarifier les faits devant les députés sur le blacklistage de la Tunisie annoncé par le Parlement Européen le 7 février 2018, a déclaré dès que l’audition parlementaire a commencé, après une heure de retard, que le gouvernement tunisien a déjà été informé des risques encourus par le pays et des opérations illégales au sein de la banque. « 27 correspondances ont été envoyées par la BCT au gouvernement, en particulier le rapport de la CTAF sur le GAFI. », a-t-il indiqué.
De son côté, et approuvant les dires du gouverneur, le secrétaire général de la CTAF Lotfi Hachicha, a témoigné que 1500 déclarations de soupçons de blanchiment d’argent ont été transmises à la commission dont 500 affaires sont entre les mains de la justice.
Selon Hachicha, dans chaque pays, qu’il fasse partie de l’Union Européenne ou non, il existe une commission, composée de 9 membres, qui a pour mission de réexaminer les déclarations de soupçon reçues, de les analyser et de les présenter à la justice si les différents membres soupçonnent qu’il y ait eu des opérations illégales. Le cas échéant, la commission retient les dossiers. « La directive (UE) 2015/849 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2015 relative au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, notamment dans son article 9, stipule que la Commission a pour mission de réexaminer en temps opportun la liste des pays tiers à haut risque énumérés dans le règlement délégué (UE) 2016/1675 à la lumière des progrès accomplis par ces pays pour remédier aux carences stratégiques de leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Elle devrait tenir compte, dans ses évaluations, des nouvelles informations communiquées par les organisations internationales et les instances normatives, telles que celles publiées par le Groupe d’action financière(GAFI). À la lumière de ces informations, elle devrait également recenser d’autres pays tiers à haut risque dont les dispositifs de LBC/FT présentent des carences stratégiques».
En effet, le Groupe d’Action Financière (GAFI) fondé en 1989, a mis en place une liste de 40 normes dont est exigée la conformité des systèmes financiers et bancaires des pays à travers le monde, en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ce dispositif de 40 normes a été mis en place en concertation avec les autorités nationales de supervision et de régulation des pays concernés. Sur ces 40 recommandations, la Tunisie n’en a appliqué que 27, selon le responsable de la CTAF.