Fitch Ratings a commenté les performances du secteur bancaire tunisien au premier semestre 2021. Pour rappel, l’agence a dégradé la note de l’État tunisien à “B-” avec des perspectives négatives à cause des risques accrus sur les financements extérieurs, exacerbés par les risques politiques et les retards dans l’adoption d’un nouveau programme avec le FMI.
Par la suite, l’agence a révisé sa perspective sur le score de l’environnement opérationnel des banques tunisiennes, passant de stable à négatif, reflétant les risques qui pèsent sur la qualité de l’actif du secteur. Fitch prévoit une croissance du PIB de la Tunisie de seulement 3,4 % en 2021 après une forte contraction en 2020.
Pour la première moitié de 2021, la rentabilité est en train de se redresser lentement. La marge nette d’intérêt moyenne des grandes banques s’est maintenue à 3,8% au premier semestre 2021 (3,5% sur la même période en 2020), et ce, malgré les baisses cumulées du Taux Directeur de 150 points de base. Les provisions pour créances classées sont restées relativement stables et le rendement moyen des fonds propres s’est amélioré pour atteindre 11% (10,1% en 2020). Toutefois, il est peu probable que le secteur retrouve les niveaux de rentabilité d’avant la pandémie dans un avenir proche.
Le taux des créances classées des grandes banques s’est aggravé à 11% fin juin 2021 (10,7% en 2020). Les banques ayant été autorisées, jusqu’au 30 septembre 2021, à différer le classement des prêts bénéficiant d’un report de paiement, ce niveau ne reflète pas pleinement l’ampleur de la détérioration de la qualité des actifs due à la crise financière. La couverture des créances classées par les provisions s’est légèrement améliorée pour atteindre 72%% au premier semestre 2021 en raison des exigences plus strictes en matière de provisions collectives introduites par la BCT.
Fitch pense que l’adéquation des fonds propres des banques est faible par rapport à l’ampleur des risques liés à la qualité des actifs auxquels les banques sont confrontées et des vulnérabilités de l’économie. L’agence s’attend à une détérioration de cette qualité dès l’expiration du programme de report des crédits fin septembre 2021. Combinée à l’instabilité politique et à la reprise des troubles sociaux, il y a de vrais risques sur le secteur. Les provisions seraient insuffisantes pour faire face à un scénario de stress plus sévère, sans oublier que le passage à l’IFRS 9 nécessitera des provisions supplémentaires.
La lecture du rapport montre que la probabilité d’une nouvelle dégradation de la note souveraine est élevée. Seules la formation d’un nouveau gouvernement et la mise en place d’une feuille de route économique pourraient limiter la casse.