Les Tunisiens utilisent massivement les chèques. Au cours de 2020, le nombre de chèques émis s’est établi à 22,5 millions pour la jolie somme de 90,707 milliards de dinars. Aussi bien en termes de volume que de nombre, la baisse est importante en 2020, respectivement de 8,6% et 13,5%. Nous sommes désormais proches des chiffres de 2018.
Les rejets ont concerné 1,9% en termes de nombre de chèques et 3% de leurs valeurs, soit 2,721 milliards de dinars. Ce montant est loin d’être négligeable. Avec le contexte difficile et les effets Covid-19, un bon nombre d’agents économiques préfère éviter ce moyen de paiement. Souvent, le coût d’un chèque impayé dépasse de loin sa valeur.
Pour 2020, il y a une autre explication plausible à la baisse d’utilisation des chèques : le durcissement du cadre fiscal et le plafonnement des chèques à 5 000 TND. Ce qui corrobore cette thèse, c’est la progression des virements de 4,4% à 37,763 MTND. La réduction de ce plafond à 3 000 TND cette année devrait accentuer cette tendance.
Mais pourquoi autant de recours à cet instrument au moment où nous nous orientons de plus en plus vers les transactions électroniques ? Primo, c’est le moyen idéal pour profiter d’un délai plus long d’encaissement. Il est rare que le chèque soit encaissé immédiatement, ce qui donne une bouffée d’oxygène au tireur. C’est donc un outil pour acheter gratuitement des produits et pour gérer sa trésorerie à la fin du mois. Secundo, les cartes bancaires ne sont pas acceptées partout. Chez un médecin, un avocat ou d’autres prestataires de services, le chèque non barré est le moyen préféré.
Le recours au chèque a donc d’autres raisons qui n’ont pas de liaison avec l’entrée de nouvelles technologies comme le paiement sans contact. C’est pourquoi nous ne voyons pas la même tendance baissière de son utilisation comme c’est le cas dans les pays européens.