La crise sanitaire a laissé des séquelles pour l’industrie du sport. Les amateurs de football ont certainement vu le sort de grands clubs qui n’ont pas pu agir normalement sur le mercato estival et qui ont des difficultés pour payer les salaires de leurs joueurs.
Ces complications ont également concerné les chaînes de télévision qui diffusent les différents championnats dans certaines régions. Nous avons vu le bras de fer entre BeIN Sports et Canal+ et, surtout, l’absence de diffuseur pour le Calcio italien dans le monde arabe. BeIN Sports s’est désistée cette année après les pertes subies la saison dernière.
Les responsables italiens ont donc fait un choix audacieux : diffuser gratuitement le championnat pour le monde arabe sur YouTube, et ce, jusqu’à la signature d’un nouveau contrat. La chaîne Youtube dispose de plus de 7,39 millions d’abonnés, mais après 7 journées de championnat, aucun prétendant ne s’est présenté.
En optant pour ce choix, la Lega Calcio a voulu prouver la popularité de son championnat dans le monde arabe. Elle tablait sur des chiffres élevés qui lui permettraient de commercialiser plus facilement la compétition et de dégager des bénéfices.
Mais les chiffres sont décevants. Non seulement les 7 millions d’abonnés ne représentent pas grand-chose par rapport à la population qui suit le football dans le monde arabe, mais les statistiques des matchs sont décevantes. Le match phare du championnat, qui a opposé la Juventus au Milan AC, a attiré à peine 139 mille spectateurs, quasiment rien ! Pourtant, la chaîne a fait appel à des commentateurs bien connus dans le monde arabe afin d’améliorer le flux.
Le problème est que les Italiens ont oublié une réalité. Dans la région MENA, tous les bouquets sont ouverts à travers le sharing. A Tunis, 50 dinars suffisent pour regarder tous les championnats européens durant une année. Ce qui s’est passé est en faveur des chaînes de télévision arabes qui ont montré aux Italiens qu’ils ont surpayé leur championnat durant des années. Le sort aurait été le même pour n’importe quelle autre compétition.
Les ménages ne peuvent pas s’offrir des abonnements chers. A l’exception des pays du Golfe, les prix offerts sont largement au-dessus des capacités des populations. Si Netflix a réussi c’est grâce à des offres compétitives. Cela servira bien de leçon pour le modèle des chaînes payantes dans la région, mais aura certainement un impact sur l’avenir du sharing.