S&P a publié un rapport sur un groupe de six pays de la zone MENA (Egypte, Maroc, Qatar, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis et Tunisie). Ces pays ont des économies qui dépendent des exportations des hydrocarbures et du tourisme. La croissance commence à se redessiner dans l’ensemble de la région, mais elle reste tributaire de la situation sanitaire. La position des pays du Golfe est nettement meilleure que celle des pays de l’Afrique du Nord qui souffrent sur le plan budgétaire.
En ce qui concerne la Tunisie, l’agence de notation ajoute un autre facteur qui handicape la reprise économique, à savoir l’instabilité politique. Déjà, le pays tarde à sortir de la crise car la Covid-19 a bloqué la plupart des activités et la stratégie de vaccination ne s’est réellement accélérée que depuis un mois.
L’économie tunisienne connaîtra probablement un lent retour aux niveaux pré-pandémiques, avec une croissance du PIB de seulement 2,4 % par an en moyenne au cours des cinq prochaines années, selon les projections du FMI. Ce niveau de croissance ne sera pas suffisant pour remédier au chômage élevé et à la détérioration du pouvoir d’achat des ménages, ce qui alimentera davantage le mécontentement social. Les déficits budgétaires élevés ont poussé la dette publique sur une voie insoutenable de dépendance à l’égard des institutions de prêt multilatérales. L’instabilité politique actuelle pourrait compromettre la conclusion d’un accord avec le FMI et poser d’importants problèmes financiers au pays.
Pour S&P, les prochaines étapes ne sont pas claires et l’évolution de la situation politique est susceptible d’affecter l’environnement opérationnel des banques tunisiennes qui affichent déjà des profils financiers et de risque faibles. L’agence de notation prévoit que la rentabilité du secteur et la qualité des portefeuilles se détérioreront davantage.
La structure actuelle du système bancaire encourage la concurrence par les taux car les banques ne se disputent que quelques clients solvables de premier ordre. Ces facteurs érodent encore plus les marges de solvabilité déjà insuffisantes, en particulier pour les plus petits établissements.
Les banques vont probablement maintenir un coût de risque élevé à cause de leur exposition au commerce de détail, au tourisme, à l’immobilier et à certaines activités exportatrices. Cela finira par peser sur leur rentabilité et leur solidité financière. S&P estime que le soutien de la BCT aux banques continuera au cours des prochains mois pour aider le système à faire face aux incertitudes supplémentaires liées à la situation politique qui risque de durer encore longtemps.