Dans sa note périodique, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a présenté un état des lieux de l’économie nationale ainsi que ses perspectives pour le court et moyen terme.
Dans un contexte international marqué par une reprise de la croissance et une hausse des prix des matières premières et de l’inflation, l’économie tunisienne peine toujours à repartir. Certains indicateurs sont inquiétants, essentiellement l’inflation qui a atteint 6,4% fin juillet 2021. Celle sous-jacente est restée stable à 5,3%. Les prix des produits frais (+9,9% en glissement annuel) et administrés (+7,7% en glissement annuel) ont contribué à cette tendance. Le tabac est responsable, à lui seul, de 0,8% de l’inflation totale. Les prix à l’importation ont augmenté de 15,2% en mai 2021 par rapport à la même période en 2020, ce qui s’est matérialisé par une accélération de l’inflation domestique via la composante importée des prix.
Au niveau budgétaire, le déficit a été de -1 423 MTND fin mai 2021, contre 3 368 MTND sur la même période en 2020. L’Etat a pu engranger des recettes fiscales considérables, comparables à leur niveau pré-crise sanitaire, contre une maîtrise de ses charges hors salaires. Les dépenses d’investissement se sont limitées à 989 MTND fin mai 2021, soit une contraction de 40% par rapport à 2020. C’est l’une des raisons de l’absence d’une vraie reprise de la croissance car le secteur privé a besoin des investissements publics.
Pour se financer, l’Etat a intensifié l’appel au marché local qui a contribué, jusqu’à fin mai 2021, à hauteur des deux tiers de l’enveloppe des emprunts mobilisés en total. L’encours de la dette publique a dépassé la barre des 98 milliards de dinars.
Le déficit courant s’est établi à -4 338 MTND, soit 3,6% du PIB fin juillet 2021 contre 4 663 MTND en 2020 (4,2% du PIB). Il a bénéficié de la bonne tenue des revenus de travail qui se sont élevés à 1 280 M€ fin juillet 2021 contre 1 009 M€ en 2020. Le secteur touristique n’a généré que 347 M€ de revenus. Hors énergie, le solde de la balance des opérations courantes s’est légèrement amélioré pour s’établir à -1 900 MTND (1,6% du PIB) à fin juillet 2021 contre -2 000 MTND (1,8% du PIB) un an auparavant. Les réserves en devises se sont élevées à 7 046 MUSD le 20 août 2021, en baisse de 17% par rapport à fin 2020. La perte est de 1 443 MUSD.
Côté financement de l’économie, il y a eu une décélération des crédits en juin 2021. Ils ont progressé de 5,8% contre 6,6% en mai 2021. Cela provient du ralentissement des crédits aux professionnels (+5,2% en juin 2021 contre +6,2% en mai 2021). Le rythme d’octroi de crédits aux particuliers s’est stabilisé à 7,7%, profitant de l’affermissement des crédits au logement (+4,9% en mai 2021) contre la décélération des crédits à la consommation (+10,1% en juin 2021). La hausse importante du volume global de refinancement de 2 322 MTND en juillet 2021 provient donc essentiellement de la souscription aux Bons du Trésor et à l’emprunt national (2 093 MTND au total).
La BCT table sur une inflation moyenne de 5,6% en 2021, 5,9% en 2022 et 5,2% en 2023. L’inflation des produits administrés devrait continuer à se maintenir à des niveaux relativement élevés, en avoisinant 5,4% en moyenne, en 2021 et 2022, et 3,7% en 2023. Pour les produits alimentaires frais, les effets du stress hydrique prolongé et des restrictions sur l’irrigation, la hausse des coûts des intrants et de production, et du renforcement de la demande, notamment celle du secteur de l’hôtellerie et de la restauration en perspectives maintiendraient des pressions à la hausse de l’inflation de l’ensemble des produits alimentaires frais. Pour l’inflation sous-jacente, elle devrait avoisiner 5,5% en 2021, 6% en 2022 et 5,9% en 2023. Les risques de voir l’inflation monter encore sont multiples, et la BCT s’est dit vigilante quant à son évolution durant la période à venir. Autrement dit, s’il faut augmenter les taux, la décision sera prise.