Ceux qui suivent l’actualité technologique dans le monde l’ont sûrement vu défiler ! Le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, a vendu en mars dernier une version authentifiée de son premier tweet datant de plus de 15 ans, exactement posté le 21 mars 2006 sur son réseau social Twitter. Ce premier post comportait les caractères du tout premier message « Just setting up my Twttr », « Je crée mon compte Twttr ». “L’heureux” acheteur de ce premier post du réseau Twitter a payé la somme de 2,9 millions dollars américains (soit l’équivalent de 8 millions de dinars) après que les enchères se soient envolées pour atteindre ce montant astronomique !
Oui, je sais ! Ceci a l’air d’être invraisemblable, mais le message de 5 mots : (Just setting up my Twttr) a été acheté par un entrepreneur, nommé Sina Estavi. Celui-ci est un expert dans le domaine des crypto-monnaies depuis plusieurs années et directeur général d’une entreprise dans ce domaine, située en Malaisie. Mais ce qui est encore plus étonnant, après que le Malaisien ait acheté ce Tweet, il reste visible par tout le monde sur Internet tant que Jack Dorsey désire le laisser en ligne. Autrement dit, il a acheté la propriété virtuelle du Tweet de Jack. Parfois, la réalité est plus bizarre que la fiction !
Comment ça se passe ?
Valuables (https://v.cent.co/) est un nouveau projet créé il y a quelques mois (décembre 2020) sur la base du blockchain et de la crypto-monnaie permettant aux utilisateurs d’acheter et de vendre des Tweets individuels et plus précisément être propriétaire des Tweets d’autrui. Pour acheter ou vendre des tweets sur Valuables, il suffit que les utilisateurs aient un compte Twitter et un portefeuille Metamask. Ce dernier est un portefeuille de crypto-monnaie qui a la particularité d’avoir une extension pour les navigateurs Web, qui permet aux utilisateurs d’interagir facilement et d’utiliser des applications distribuées sur la blockchain Ethereum d’une manière simple à partir de leur navigateur préféré comme le Chrome par exemple. Chaque tweet ne peut être Tokenisé «Tokenized» qu’une seule fois, mais peut être échangé un nombre infini de fois.
Un Tweet est dit Tokenisé lorsqu’il a été 100% vérifié et authentifié en tant que Tweet original posté par son auteur et créateur ; c’est pour ça que par exemple, le Tweet original de Jack Dorsey est dit déclaré original et authentique et l’acheteur Malaisien peut le revendre s’il le désire comme si quelqu’un achète une œuvre déclarée originale et signée par Picasso. Après la vente (ou la revente), le tweet lui-même reste visible par tout le monde sur Internet, seule la propriété de ce tweet dit « Tokenized » ou signé authentique par Jack Dorsey, peut changer d’un propriétaire à un autre après la revente. Une autre première vente avec cette technologie est celle d’une œuvre entièrement numérique mise aux enchères par une maison d’enchères, suivie par plus de 20 millions d’internautes durant le mois de mars dernier sur la plateforme de vente aux enchères internationale, Christie’s (www.christies.com).
Il s’agit de l’œuvre « Everydays: the First 5 000 Days » réalisée par l’artiste numérique connu sous le nom de Beeple. Cette œuvre de dessins numériques “Everydays : the First 5 000 Days”, comme son nom l’indique, comporte 5000 dessins numériques, fruit d’un travail quotidien, exactement durant 5062 jours sans interruption par cet artiste américain. L’œuvre de Beeple des dessins numériques est vendue à 69,3 millions de dollars (190 millions de dinars !) par la maison d’enchères. Un record qui témoigne de l’ampleur du phénomène ! Pour l’histoire, Beeple (son vrai nom Mike Winkelmann) s’est lancé en 2007 dans la création de ses dessins numériques journaliers, après qu’il ait décidé d’arrêter son ancien travail, de ne plus concevoir de sites Internet et de se consacrer à la création de dessins et animations numériques inspirés de son quotidien. Depuis 2007, Mike Winkelmann était connu pour ses projets de dessins numériques mais il n’avait encore jamais vendu d’œuvre à son nom avant cette vente de plus de 69 millions de dollars. Il se place ainsi dans le top 3 des artistes les plus chers au monde. La réalité est plus bizarre que la fiction !
Avec quelle technologie on vend et achète ces productions ?
Ces deux exemples du Tweet de Jack et l’œuvre numérique de Beeble vendus récemment montrent une montée en puissance d’une nouvelle technologie d’authentification, utilisant la Blockchain, présentée comme une solution miracle aux copies. Elle permet de commercialiser des messages, albums musicaux, œuvres, Tweets et tout ce qui est numérique ou imaginable sur la toile du web. Tout ceci est devenu possible grâce aux jetons NFT. En effet, NFT est l’abréviation du terme anglais « Non-Fungible Token ». Un « Token », ou un «jeton » est un actif numérique émis par une blockchain. Dans la même catégorie, on retrouve les bitcoins ou des cryptos similaires.
Ces jetons NFT non fongibles permettent de vendre un objet virtuel diffusé sur Internet, à travers des titres de propriété numérique infalsifiables et uniques permettant ainsi de justifier de la possession d’un bien de son authenticité et qu’il s’agit bien de la création originale et non d’une copie. Les NFT sont différents des autres crypto-monnaies. Pour tout vous dire, non fongible signifie que chaque jeton est unique, et ne peut être reproduit. Contrairement aux bitcoins qui sont fongibles, les jetons NFT de monnaies particulières peuvent s’apparenter à notre monnaie courante. Ces jetons non fongibles sont très utilisés pour permettre de vérifier la rareté numérique et la propriété numérique. Aucune autorité ne peut annuler la propriété à un NFT ou en recréer un exactement pareil. Généralement, on compare un NFT à une carte à collectionner unique en son genre, disposée dans une vitrine publique et que tout le monde peut la contempler. Sa seule spécificité est qu’il appartient à une unique personne à un moment donné et c’est l’existence en tant qu’objet numérique dans la Blockchain qui rend un NFT unique.
Grâce à ces mécanismes, les nouveaux acheteurs sont rassurés du fait que les transactions sur les objets de valeur sont irréversibles par la nature de la technologie Blockchain. Toutes les ventes sont finales et ne peuvent pas être annulées une fois approuvées par le vendeur.
I Have “Tokenized” the World
Ainsi, ces derniers jours, de plus en plus d’objets d’art numériques sont désormais vendus sous forme de NFT et plus globalement, tout actif numérique qu’un créateur souhaite rendre unique peut potentiellement devenir un NFT. Une fois que la propriétaire possède ce jeton relatif à actif numérique, il en devient le possesseur exclusif, à titre d’exemple, un actif numérique peut être une œuvre d’art numérique, une image, une vidéo, un tweet, un e-mail, un paraphage et les exemples sont presque infinis.
Plusieurs raisons poussent les utilitaires à acheter ces NFT, comme pour un objet de collection, un investissement pour revendre à moyen ou long terme, ou tout simplement pour un désir ou besoin émotionnel. En 2021, les utilisateurs de ces tokens sont de plus en plus nombreux dans le monde entier, on y compte particulièrement, les entrepreneurs, musiciens, collectionneurs et les artistes ; surtout que ces derniers n’avaient pas de véritables moyens numériques pour posséder et collectionner des objets d’art avant l’arrivée des NFT. Beeble a publié dans un communiqué après la vente de son œuvre d’art numérique à plus de 69 millions de dollars : «Nous assistons au commencement d’un nouveau chapitre dans l’histoire de l’art, de l’art numérique ».
Posséder virtuellement un objet ou « Tokenized » un objet dans le jargon des NFT, ça me rappelle aussi que toute personne peut posséder le monde entier ou même l’univers en le «Tokeniz-ant» aussi comme on fait avec NFT. Il suffit tout simplement de penser: « I Have Tokenized the World and even the Universe.» L’Univers m’appartient, et la réalité est plus bizarre que la fiction !