Les déficits hydriques sont à l’origine d’une hausse de 10 % des flux migratoires à l’échelle de la planète qui compte, actuellement, plus d’un milliard de migrants, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) intitulé ” Flux et reflux “.
Ce rapport fait savoir que 17 pays dans le monde (abritant 25 % de la population mondiale) connaissent déjà un stress hydrique extrême et les difficultés liées à l’eau sont ressenties de manière disproportionnée dans les pays en développement.
La BM explique qu’en devenant toujours plus aléatoires, les précipitations obligent les habitants à partir en quête d’une vie meilleure, et le changement climatique accélère les flux migratoires liés à l’eau.
Quelle est la situation dans la région Mena ?
Dans les zones en proie à des conflits, comme la région Mena, la situation est rendue encore plus complexe par deux facteurs supplémentaires, à savoir le conflit à proprement parler et le chômage.
Les infrastructures hydrauliques sont fréquemment ciblées pendant un conflit, privant des centaines de milliers de personnes d’accès à cette ressource vitale, a indiqué la même source. Cependant, les conflits ne sont pas nécessairement une conséquence directe des risques liés à l’eau.
Ces pénuries d’eau ont historiquement plus incité à la coopération qu’au conflit, vu que sur 975 événements en lien avec des bassins fluviaux internationaux recensés dans la région Mena entre 1948 et 2008, 56 % ont fait l’objet de coopération, 37 % ont suscité un conflit et 8 % se sont révélés neutres.
Compte tenu du nombre de conflits armés dans la région au cours de cette période, le fait que les questions liées à l’eau ont majoritairement débouché sur des accords de coopération est remarquable, lit-on dans le rapport.
Des politiques intelligentes pour des villes intelligentes
Les politiques et les infrastructures nécessaires pour renforcer la résilience hydrique reviennent cher, mais c’est sans commune mesure avec le coût d’une sécheresse, qui peut amputer jusqu’à 12 % de croissance économique dans une ville.
Les décideurs, en particulier dans les zones de conflit comme la région Mena, devront procéder à des arbitrages entre des mesures à court terme et non coordonnées pour faire face aux besoins immédiats en eau et des mesures à long terme indispensables pour s’atteler aux problèmes d’eau structurels.
La Banque mondiale recommande de renforcer d’urgence la résilience hydrique dans les villes comme dans les zones rurales. Les villes peuvent également se doter de meilleures pratiques en matière d’eau, en réduisant la demande, en recyclant les eaux usées, en collectant les eaux de pluie et en aménageant des zones urbaines, a préconisé la même source.
Elle cite, à titre d’exemple, les techniques agricoles climato-intelligentes, l’irrigation pilotée par les agriculteurs et les infrastructures vertes qui permettent de se prémunir contre la variabilité des précipitations et les pénuries d’eau.
Il est important de noter que les mesures de court terme visant à réduire l’impact des chocs hydriques doivent être complétées par des stratégies à plus longue échéance conçues pour élargir le champ des possibles et renforcer la résilience des communautés.