Les indicateurs d’activité des sociétés cotées sont l’occasion d’avoir une idée précise sur la situation d’une source des difficultés des finances publiques, Tunisair.
Sur les six premiers mois de l’année, la compagnie porte-drapeau a transporté 338 519 voyageurs en dépit de la crise sanitaire. Sur la même période en 2020, ce chiffre s’est élevé à 579 471. Le coefficient de remplissage s’est établi à 66,2%, en baisse par rapport à l’année dernière. Ce niveau ne permet pas à Tunisair d’atteindre l’équilibre financier. Les recettes de l’activité de fret et de poste ont été, à leur tour, divisées par deux à 5,291 MTND. En tout, les revenus ont atteint 182,938 MTND sur la période, une baisse de 29,4% par rapport à 2020.
Le problème est que les charges demeurent encore élevées. Les recettes ne couvrent pas les dépenses de carburant (36,380 MTND), les redevances aéroportuaires (65,720 MTND) et les charges de personnel (82,874 MTND). La compagnie se dirige donc vers une nouvelle perte record cette année puisque la liste des charges est encore longue, notamment les redevances de leasing (49,776 MTND), les dépenses assistance commerciale (25,028 MTND), les dépenses assistance catering (2,793 MTND), l’assurance (3,882 MTND) et les charges d’entretien et de réparation (2,454 MTND).
L’encours de dettes de la compagnie a atteint 989,058 MTND. Les problèmes de liquidité n’ont pas permis à Tunisair de dégager le moindre revenu sur produit financier depuis le début de l’année.
La compagnie doit choisir l’une de ces deux solutions : i) soit une recapitalisation accompagnée d’un plan social car la masse salariale est un poste qui n’est que partiellement fonction de l’évolution de l’activité ; ii) soit une recapitalisation et une amélioration de la flotte. Actuellement, si nous considérons seulement la société mère qui compte 3 356 employés pour 28 avions, nous obtenons un ratio de 120 employés par avion contre une norme aux alentours de 80. Bien évidemment, si nous intégrons le personnel du groupe, l’effectif par avion va dépasser le nombre de sièges ! Investir dans une nouvelle flotte tout en gardant l’effectif sera la solution parfaite de point de vue social. Mais à quel prix et par quelles ressources.
Quel que soit l’option, le premier pas est une recapitalisation importante, alors que les recettes de l’Etat entrent dans une phase de stress. De plus, toute intention d’augmentation de capital doit passer par l’ARP. Ce qui ne facilite pas la tâche ! Sans parler des pressions des bailleurs de fonds internationaux. Dans les coulisses du Ministère de Transport, le plan de relance de la compagnie semble être prêt, mais son exécution reste problématique. Historiquement, tous les plans n’ont pas eu le succès escompté, que dire dans le contexte actuel.