Bien qu’ils soient hors des frontières nationales, les Tunisiens résidant à l’étranger continuent de soutenir leur pays. “S’il n’y avait pas la diaspora, on ne serait pas là aujourd’hui en termes de niveaux des réserves en devise”. C’est ce qu’a indiqué Marwen Abassi, gouverneur de la banque centrale lors de sa participation au séminaire United Diaspora.
Cette conférence organisée par la GIZ en partenariat avec la Banque centrale a été tenue pour restituer les résultats d’une étude sur la diaspora dont la mission est d’évaluer l’apport réel de la diaspora sur plusieurs volets et développer des recommandations stratégiques ainsi que des mesures structurantes pour le développement de ces contributions.
Pour appuyer ses propos, le gouverneur de la BCT a présenté un ensemble de statistiques qui confirment le rôle important que jouent les membres de la diaspora dans l’activité économique du pays. Ainsi, le gouverneur a rappelé que la diaspora a enregistré en 2019 un investissement productif estimé à 1.7% du PIB. La diaspora contribue aussi à hauteur de 10% de la formation brute du capital fixe et de 7.3% au revenu national disponible brut en 2018.
Le gouverneur de la banque centrale a également rappelé le rôle qu’ont joué les Tunisiens résidant à l’étranger lors de la crise sanitaire. “Les revenus de travail ne cessent d’augmenter malgré toutes les difficultés qu’on est en train de voir”, a-t-il précisé.
Malgré l’importance de ce rôle, la Tunisie ne semble pas être très reconnaissante. C’est du moins ce que laissent entendre les innombrables chicaneries administratives qu’elle leur fait souffrir pour accéder à la plus simple procédure administrative. Le gouverneur de la Banque centrale le reconnaît bien qu’il a ajouté que son organisme “a opté pour jouer un rôle de facilitateur”. Tous les TRE ne seront certainement pas d’accord avec ces propos.
L’étude réalisée par la GIZ a relevé un tas de manquements. Et notamment, “un manque de maturité stratégique autour des nouveaux enjeux de la diaspora”, d’après Abassi. Ces enjeux concernent principalement les investissements productifs, le soft power, la philanthropie et la mobilisation des compétences. L’administration tunisienne souffre également d’un manque de coordination entre les différents acteurs institutionnels et privés en relation avec la diaspora.
Faire le diagnostic est certes un pas dans la bonne direction ; mais que peut-on faire pour les rectifier ? L’étude a tenté de répondre à cette question en offrant quelques recommandations en la matière. Ses auteurs proposent donc la mise en place d’une stratégie de mobilisation de la diaspora ce qui doit d’abord passer par le développement d’une identification fiable.
On propose aussi le développement de la gouvernance des problématiques liées à la diaspora, et ce, via l’institutionnalisation des structures de coordination des programmes de mobilisation de la diaspora. Il faut aussi, toujours d’après l’étude, œuvrer pour l’amélioration de l’accompagnement et le soutien de la diaspora. Ici, le gouvernement peut commencer par des mesures simples, mais à fort impact tel que la digitalisation des services usuels, notamment consulaires. Car, oui, même en 2021, les Tunisiens à l’étranger doivent perdre un temps précieux à se déplacer des dizaines, voire des centaines, de kilomètres pour bénéficier des services les plus simples.
Marouen Abassi a indiqué dans ce cadre que la BCT adopte la recommandation préconisée par l’étude appelant à la mise en place du : Diaspora Mobilisation Act, ou DIMA. Ce projet comprend la mise en place d’un cadre institutionnel pérenne dans la mobilisation de la diaspora tunisienne. L’objectif de cette approche est de pallier un manque important de stratégie et de mesures structurantes pour le développement de la contribution socio-économique de la diaspora dans le développement de la Tunisie.