Rappelez-vous: la semaine dernière, nous avons publié un article affichant la capacité installée en énergie renouvelable en Tunisie et dont la valeur a été estimée par l’International renewable energy agency à 401 MW.
Nous avons également écrit que cette capacité place la Tunisie au 24ème rang à l’échelle africaine loin dernière des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc ou encore l’Éthiopie.
Ce classement a suscité de vives réactions de la part de notre communauté de lecteurs sur les réseaux sociaux. Mais pas que: nous avons également été contactés par Fathi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale de la maîtrise de l’énergie, pour présenter quelques clarifications au sujet de ce classement.
“Les chiffres sont corrects. Mais il faut relativiser”
D’après le responsable, les chiffres présentés par l’IREA, et par ricochet Le Manager, sont corrects, mais ne reflètent pas, selon lui, la réalité de la situation.
D’abord, le chiffre présenté dans l’article représente la “capacité installée” dans les pays cités et non pas la production réelle en énergie renouvelable qui, elle, peut dépendre de plusieurs facteurs. Deux pays peuvent avoir la même capacité installée, mais leur production peut différer considérablement.
Aussi, le classement s’est basé sur des chiffres qui concernent toutes les sources d’énergie renouvelable, ie. solaire, éolienne et hydraulique. Or, d’après notre interlocuteur, toutes les sources ne sont pas égales. “En Éthiopie, rien que la capacité de l’énergie hydraulique est de plus de 2500 MW”, a-t-il indiqué. Et d’ajouter: “L’énergie hydraulique dépend primordialement de la présence d’infrastructures naturelles adéquates”, a souligné Hanchi. “La présence de sources d’énergie hydraulique est indépendante de la volonté du pays à générer de l’énergie renouvelable”, a-t-il ajouté.
D’après le DG de l’ANME, le classement ne doit donc tenir compte que des énergies solaires et éoliennes. Mais également, toujours d’après Hanchi, il faut que le classement se fasse en termes de la part des énergies renouvelables dans la production totale du pays.
Dans un tel classement, assure notre interlocuteur, la Tunisie se hausse à la 4ème place avec 3.3%. Notre pays est devancé par le Maroc, le champion continental en la matière avec une moyenne de 15% de sa production en énergie renouvelable, suivi par l’Afrique du Sud (4.5%) et l’Éthiopie (4.1%). D’après notre interlocuteur, ce classement reflète mieux la réalité de la situation.
Loin des prévisions du Plan Solaire Tunisien
Certes, ce classement positionne la Tunisie au Top 5 africain, mais il nous met face à une autre réalité: la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national est encore faible ! Au fait, ce taux est (très) loin des objectifs fixés par le Plan National Solaire annoncé en 2010 et selon lequel ce taux aurait dû atteindre les 17% en 2020.
Selon Fathi Hanchi, ce décalage entre les objectifs du plan solaire et la réalité est dû à plusieurs facteurs dont notamment l’absence de stabilité politique durant la décennie qui a suivi la révolution mais de l’expertise nécessaire pour la mise en place de tels projets.
“Durant ces dernières années, nous étions confrontés à plusieurs difficultés qui ont freiné notre capacité à mettre en place des projets de production d’énergie renouvelable au rythme escompté”, a expliqué le responsable. “Ceci n’est plus le cas”, assure-t-il.
“Non seulement nous avons désormais suffisamment d’expérience mais aussi nous avons pu surmonter la majorité des difficultés qui ont freiné le développement de l’énergie renouvelable dans le pays”, a ajouté Hanchi.
D’après le responsable, le pays dispose aujourd’hui de toutes les conditions nécessaires qui lui permettent d’accélérer la production de l’énergie renouvelable à un rythme qui lui permet d’atteindre les objectifs du Plan Solaire Tunisien en 2030: une part de 30% des énergies renouvelables dans le mix énergétique national.