“La poursuite d’une politique monétaire proactive et de plus en plus énergique a permis de mettre fin à la dérive de l’inflation et de restaurer les équilibres économiques”, tel est l’axe principal de la politique monétaire proposée dans le cadre du plan de relance présenté au FMI par le gouvernement tunisien. D’après un document confidentiel reçu par Le Manager, la Banque centrale indique qu’elle “reste vigilante vis-à-vis des risques qui menacent la stabilité des prix”.
Au vu des réalisations de l’année 2020, les prévisions tablent sur une poursuite de la stabilité de l’inflation aux alentours de ses niveaux actuels en 2021. Cette stabilisation devrait porter la marque de la forte baisse de la demande globale et la nette détente des prix internationaux des produits de base et des matières premières. Malgré cela, la Banque centrale demeure très attentive quant à l’évolution future des prix afin de soutenir cette trajectoire désinflationniste et empêcher la formation d’une spirale prix-salaire dont l’impact serait fortement préjudiciable à l’économie.
La Banque centrale œuvre aussi à hisser son cadre de gouvernance en matière de politique monétaire aux meilleurs standards internationaux. Capitalisant sur les progrès réalisés en matière d’autonomie et de redevabilité vis-à-vis des institutions et du public (Cf. loi 2016-35), la Banque centrale compte renforcer le cadre de gouvernance de la politique monétaire et le processus de prise de décisions, projet ayant été inscrit dans le cadre du plan stratégique triennal. À cet effet, la Banque centrale s’attèlera, au cours du prochain programme avec le FMI, à mettre en place les jalons d’une stratégie claire axée sur le ciblage de l’inflation. Cette orientation peut se justifier par le fait qu’une inflation élevée réduit la compétitivité de l’économie, exerce des pressions sur la balance des paiements et par suite sur le taux de change.
Un meilleur ancrage des anticipations et une coordination des politiques économiques devraient fortement contribuer à l’efficacité de la politique monétaire, à la stabilité macroéconomique et à une croissance saine et durable.
Les réformes profondes accomplies dans le cadre des deux précédents programmes avec le FMI qui ont réussi, lit-on dans le document, à implémenter un cadre de change plus flexible basé sur les forces du marché. Ces mesures “seront consolidées par des réformes supplémentaires”, d’après la même source qui vont porter sur le renforcement de la palette des instruments de couverture disponible par l’introduction des produits dérivés qui permettent la couverture contre les risques de change (Cross Currency Swap) et de taux d’intérêt sur le long terme (Interest Rate Swap-IRS) ainsi que contre le risque de fluctuation des prix des produits de base.
L’introduction de ces nouveaux instruments de couverture est désormais essentielle pour le développement des marchés de capitaux en Tunisie, en vue d’une plus grande libéralisation des relations financières avec l’extérieur, tout en garantissant aux différents intervenants une palette d’outils de base de gestion des risques de marché commune à l’ensemble des marchés de capitaux internationaux, et ce aussi bien sur les devises que sur le dinar.