Alors que l’industrie pharmaceutique traverse une belle période dans le monde, les performances de nos laboratoires cotées à la Bourse de Tunis (UNIMED, ADWYA et SIPHAT) restent encore timides.
Côté ventes, le chiffre d’affaires de ces sociétés affiche une chute libre de 39,7% sur le premier trimestre 2021 à 36,249 MTND. La tendance négative les a affectés toutes sans exception. Cela ne signifie pas que les tunisiens ne consomment plus de médicaments. La vraie raison de ce recul est que le premier trimestre 2020 a été marqué par la création d’un stock auprès des grossistes dans le cadre de l’anticipation de la COVID-19. En même temps, 2021 a connu une baisse des pathologies nécessitant la prise d’antibiotiques et de divers soins. L’amélioration de l‘hygiène a amélioré la qualité de la santé des tunisiens, ce qui est bon en absolu, mais pas nécessairement au profit des professionnels.
Au niveau local, les ventes ont reculé de 44,6% à 30,440 MTND. Cependant, les exportations ont progressé de 12,9% à 5,809 MTND.
Cette situation impacte les investissements que les laboratoires réalisent. Sur les trois mois de l’année, ils ont atteint 0,613 MTND contre 2,331 MTND une année auparavant. En même temps, et pour garder un fonctionnement normal, elles ont besoin de ressources financières extérieures additionnelles. L’endettement global, et individuel également, a fortement augmenté à 127,086 MTND, +49,7% en rythme annuel.
Bien que les chiffres publiés dans les indicateurs d’activités ne permettent pas de donner une idée complète sur la situation du secteur, sa forte exposition à la demande du marché local peut freiner sa croissance à court terme. En 2020, l’accroissement affiché par l’ensemble de l’industrie pharmaceutique (+4,29%) provient essentiellement d’un effet prix (+4,48%) qui a compensé la baisse des volumes (-0,2%). La tendance des volumes risque de se poursuivre en 2021 et en l’absence d’une augmentation des prix de vente, le niveau des marges pourrait baisser. D’ailleurs, la majorité des laboratoires sont des génériqueurs, qui dégagent des marges plus faibles que celles engrangées par les grands fabricants mondiaux, spécialistes dans les princeps. 2021 serait, à notre avis, modeste côté performances financières, sauf si une demande extérieure exceptionnelle émerge, de la Libye à titre d’exemple.