Pour alléger ses charges salariales, le Gouvernement semble trouver sa formule : proposer un travail à mi-temps mais percevoir plus qu’un demi-salaire. Logiquement, une telle mesure devrait cibler les femmes en premier lieu, elles qui assurent un rôle familial clé et pourront de la sorte dégager plus de temps au profit de leurs enfants. Ce schéma pourrait également intéresser certains hommes qui souffrent de maladies chroniques ou qui ont des engagements soit avec la famille, soit pour faire quelques boulots en parallèle, même en noir.
La bonne nouvelle dans l’affaire est que l’État pense sérieusement à alléger sa masse salariale. Mais la mauvaise est que la méthode envisagée n’est pas nécessairement la bonne.
Soyons pratique. Est-ce qu’une telle approche pourrait intéresser les fonctionnaires ? Nous pensons qu’elle offre une opportunité à une minorité de la population ciblée pour plusieurs raisons.
La première est la cherté de la vie. Tout le monde cherche à doper ses revenus. Les réduire serait un non-sens. La COVID-19 a montré que le meilleur employeur en Tunisie est l’État. Les salaires ont été préservés et le Gouvernement a même poussé la Banque Centrale à faire fonctionner la planche à billets pour les servir en fin 2020. Les fonctionnaires vont donc préférer garder leurs postes.
La seconde est que le laxisme existe encore dans nos administrations, et les responsables reconnaissent cette réalité. Le temps effectif de travail n’est pas réellement trop loin d’un mi-temps et le salaire est intact. Pourquoi donc sacrifier une partie de ses revenus pour s’inscrire dans une telle démarche ?
La troisième est l’instinct du tunisien. Ce plan serait interprété comme une première étape pour sélectionner les personnes qui peuvent être remerciées dans une seconde phase. Même les fonctionnaires qui peuvent être intéressés par cette organisation seraient hésitants à passer le cap.
La dernière raison reste la force syndicale qui ne serait pas en faveur de cette idée. Elle défendra bec et ongle les intérêts de ses adhérents et exigera même des revalorisations salariales. Sa force de frappe est unique et est capable de paralyser le pays par une simple notification de grève.
Conclusion : la seule façon d’alléger sa masse salariale serait un plan social. Inutile de le détourner car tôt ou tard, il sera mis en place. Au lieu de penser à un travail à mi-temps, le Gouvernement doit préparer les mécanismes de prise en charge des personnes qui seraient concernées par ces licenciements. Cela pourrait prendre la forme d’assurance chômage, de fonds d’investissement pour encourager le lancement de projets et de formation. Autrement, la bombe s’éclatera un jour et nous payerons tous le prix.