Les sociétés appartenant au Groupe Loukil ont affiché des chiffres inquiétants pour le dernier trimestre 2020, renforçant les bruits du marché qui ne cesse d’évoquer les difficultés financières qu’elles rencontrent.
UADH : nouvelle stratégie commerciale
Commençons par UADH, dont des rumeurs ont circulé deux semaines auparavant quant à la relation avec le fabricant français, PSA. Les ventes du concessionnaire ont baissé de 38,7% à 157,124 MTND sur l’exercice 2020, après un dernier trimestre qui n’a enregistré que des revenus de 29,080 MTND. UADH a justifié cette tendance par le recul des ventes durant la période de confinement et la faiblesse de la demande pour le marché des véhicules industriels. La dévaluation du dinar a également coûté cher au groupe, surtout vis-à-vis du Yen Japonais, monnaie d’importation de la marque MAZDA, considérée comme une marque Premium.
La stratégie de vente adoptée par UADH a été révisée à la lumière de ces éléments, de manière à s’orienter vers la commercialisation des modèles les plus compétitifs sur leurs segments. En d’autres termes, il faut s’attendre à une amélioration des marges et une baisse des volumes, ce qui a été effectivement observé en 2020, puisque la marge brute est passée de 13,6% fin 2019 à 15,6% une année plus tard.
GIF : chute libre des ventes
L’autre entité du groupe, GIF, a enregistré une année noire. Ses ventes ont baissé de 75% en 2020 à 2,703 MTND. Une chute qui a concerné aussi bien les volumes locaux que les exportations. Une tendance très inquiétante qui montre que la société traverse effectivement des difficultés. D’ailleurs, elle a expliqué l’augmentation de son endettement à court terme par le « non règlement des échéances leasing reportées au mois de septembre 2020 et au reclassement de l’année 2020 ». Entre temps, elle a pu obtenir un crédit auprès de la Banque de Tunisie.
Pour les différentes filiales du groupe UADH, un effort de baisse des charges a déjà commencé. La masse salariale a reculé de 10,8% à 23,169 MTND, par suite de la concrétisation d’une série de programmes d’assainissement social et le départ de 125 employés au deuxième semestre 2020.
Les AMS : activité toujours à l’arrêt
Pour les AMS, elle a réalisé un trimestre blanc, avec un chiffre d’affaires nul. La société, déjà fragile, a été lourdement affectée par la crise sanitaire. La COVID-19 a perturbé le rythme de son approvisionnement par les matières premières. De plus, l’absence de marchés publics, la baisse de la demande locale et la concurrence déloyale du marché parallèle ont fini par pousser les AMS à ne pas redémarrer la production même après la levée du confinement.
Le secteur bancaire continue à refuser d’apporter son soutien à la société qui a confirmé le refus catégorique de trois banques à la soutenir malgré l’obtention de la garantie de l’État pour les financements liés à la crise sanitaire. Aucun arrangement n’a pu être trouvé, bloquant plusieurs millions de dinars de marchandises au port, capable de permettre à l’activité de redémarrer. À noter que l’endettement bancaire des AMS se monte à 50,533 MTND, dont 10,225 MTND à court terme.
Problème de confiance
Les investisseurs commencent à perdre confiance dans ces sociétés. UADH, qui a réalisé une belle année 2020, perd progressivement de la vitesse après l’annonce du désistement de l’acquéreur potentiel, qui n’est autre que le géant PGH selon nos informations.
Le marché n’a pas trop apprécié la cession de 250 000 titres UADH fin décembre 2020, par Loukil Investment Group, alors que le titre était à son apogée. La société a fini par publier un communiqué dans lequel elle a précisé que la vente était réalisée « dans le cadre d’une exécution d’un contrat de nantissement sur ces actions et que l’actionnaire de référence n’avait aucune intention de céder ces actions et qu’il va procéder au rachat desdits titres avant la fin du mois de Janvier 2021 ».
La situation est plus que jamais délicate. Le groupe détient un potentiel et doit être soutenu par les banques. En même temps, ces sociétés doivent mettre en place des plans d’action crédibles pour une sortie de la crise. In fine, ce ne sont qu’un exemple de l’iceberg de difficultés que vivent nos PME.