Le re-confinement ne semble pas être digéré par les investisseurs de la Bourse de Tunis. Le Tunindex, qui a déjà perdu 2,43% depuis le début de l’année, a été sauvé vendredi par la résilience des poids lourds de la Place, mais dans un volume de 1,727 MTND.
Même si quatre jours, dont une fête nationale et un week-end, n’auront pas d’impacts significatifs sur l’activité des entreprises cotées, les investisseurs ont un sentiment profond qu’ils naviguent à vue et cela devrait se refléter directement dans les cours des sociétés cotées et dans le volume des échanges.
Le Gouvernement n’a pas encore donné de détails sur le calendrier de vaccination, ce qui inquiète l’ensemble des tunisiens. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un remède miracle, l’arrivée du vaccin permettra aux agents économiques de garder leurs activités économiques et d’ouvrir les frontières avec nos principaux partenaires. Les rumeurs qui circulent sur l’adhésion de la Tunisie au COVAX animent les réseaux sociaux à un tel point que le rappeur tunisien K2Rym a pris l’initiative (selon ses propos) pour négocier avec une firme chinoise pour l’acheter aux tunisiens ! La multiplication des cas et des décès fait qu’un long confinement risque de s’imposer tôt ou tard et ce n’est pas une décision sans conséquences en Bourse.
Pour les sociétés exportatrices, les investisseurs suivent plutôt la situation pandémique à l’étranger et ce qui se passe actuellement dans la rive nord de la Méditerranée est très inquiétant. Plus ça se dégrade, plus la pression monte sur les cours de ces entreprises.
Pour celles à activité locale, elles devraient subir les conséquences des chiffres macroéconomiques de 2020 et qui seraient décevants. L’interminable couvre-feu continuera à peser lourdement sur les performances. Même si le scénario d’une chute libre est à exclure actuellement, le potentiel à la hausse restera capé par le cadre actuel.
Ce qui risque d’accentuer cette morosité, c’est l’ouverture du bal des publications trimestrielles dès la semaine prochaine. Les chiffres définitifs de 2020 commenceront à se dessiner et les investisseurs chercheront à se positionner sur les titres qui proposeront un dividende. Une question singulière concerne les banques qui n’ont pas été autorisées à rémunérer leurs actionnaires l’année dernière car la BCT a pris des décisions pour soutenir les sociétés et les établissements de crédits ont besoin d’un maximum de fonds propres. Aujourd’hui, ces décisions ont été reconduites mais les banques n’ont pas un besoin particulièrement élevé en matière de liquidité comme le prouve le volume de refinancement. Est-ce qu’elles pourraient payer un dividende pour cette année ? Une réponse négative sera une grande déception pour l’ensemble de la Place et aura de profondes retombées sur les performances du Tunindex.
L’entame de la période la plus dynamique de l’année en termes de publications et d’informations financières intervient dans des conditions extrêmement tendues. Un effort supplémentaire de communication de la part des entreprises sera le bienvenu même si l’histoire de la Place nous a appris qu’en matière de transparence, il ne faut pas trop espérer.