Le monde de la finance est en train de prendre un virage vert. Avant la crise sanitaire, les plus grands investisseurs institutionnels commençaient à intégrer progressivement les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans l’évaluation de leurs placements. Certains pays ont réalisé de grandes avancées, essentiellement les pays scandinaves. Le critère environnemental tient compte de la gestion des déchets, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la prévention des risques environnementaux. Le critère social considère la prévention des accidents, la formation du personnel, le respect du droit des employés, la chaîne de sous-traitance et le dialogue social. Quant au critère de gouvernance, il vérifie l’indépendance du conseil d’administration, la structure de gestion et la présence d’un comité de vérification des comptes.
La pandémie n’a fait qu’accentuer ce phénomène et a montré que nous ne pouvons pas évaluer une société pour juste ses chiffres. D’ailleurs, plusieurs entreprises ont montré des défaillances de business model ou de capacité à générer du cash. La COVID-19 a donc accéléré l’histoire et l’intégration de ces critères est devenue une priorité. BlackRock, le plus grand fonds d’investissement dans le monde avec 7000 milliards de dollars d’actifs, a annoncé qu’il compte être un actionnaire plus engagé, en finissant avec les investissements (equity et dette) dans des entreprises qui tirent plus de 25% de leurs revenus de la production de charbon thermique. Les produits d’investissements estampillés durables seront eux proposés prioritairement aux clients et deviendront la norme.
Dans tout cela, quel est le positionnement de nos entreprises ? Si la Tunisie ne donne pas assez d’attention à ces normes, c’est qu’elle va finir par disparaître des radars des investisseurs mondiaux. C’est un handicap additionnel à la Place car les entreprises cotées ne divulguent pas les informations extra-financières qui servent d’outils de décision pour les investisseurs institutionnels étrangers. Leur absence est synonyme de non-conformité et l’élimination directe des sociétés éligibles à l’investissement. Par contre, leur disponibilité peut ouvrir la voie à d’importantes ressources pour des entités pas nécessairement rentables, mais écologiques.
C’est donc un nouvel élément dans le calcul du risque financier et auquel il faut accorer toute l’attention. C’est une opportunité qui s’offre à un pays réputé vert, ne la perdons pas encore.