
L’Institut National de la Statistique a lancé, en partenariat avec l’IFC, la deuxième phase de son enquête portant sur l’étude et le suivi de l’impact de la Covid-19 sur le secteur privé en Tunisie.
Cette enquête, en trois phases, est administrée par téléphone auprès d’un panel de 2 500 entreprises représentatives du secteur privé formel.
Cette deuxième phase s’est déroulée en septembre et octobre tandis que la première phase avait été réalisée en mai et juin. Cette enquête a permis d’interroger les entreprises sur les thématiques suivantes : l’état de fonctionnement des entreprises tunisiennes pendant la crise de COVID-19, l’évolution des facteurs impactant l’activité des entreprises, les mesures destinées aux entreprises pour faire face à la crise, les mécanismes d’ajustement mis en place par les entreprises, la durabilité des activités des entreprises et l’existence et l’utilisation des Plans de Continuité d’Activité.
Les principaux résultats de l’enquête sont :
La majorité des entreprises étaient ouvertes au 3ème trimestre 2020 : 86,9% des entreprises étaient ouvertes : 12,2% des établissements sont restés ouverts sans interruption (24,5% au 2ème trimestre) et 74,7% des entreprises ont rouvert après une interruption.
Les fermetures définitives d’entreprises ont fortement augmenté : 5,4% des entreprises étaient définitivement fermées : 1,5% à cause du COVID-19 (0,3% au 2ème trimestre) et 3,9% pour d’autres raisons (0,1% au 2ème trimestre). Par ailleurs, 7,7% des entreprises étaient temporairement fermées : 7,0% sur décision de l’entreprise et 0,7% sur celle des autorités. Tandis que 37,2% des entreprises ouvertes pendant le 3ème trimestre déclarent faire face à un risque de fermeture définitive dans les conditions actuelles contre 35,0% au 2ème trimestre.
La crise sanitaire a fortement perturbé les activités des entreprises malgré une légère amélioration post-déconfinement : 82,3% des entreprises ont déclaré avoir subi une baisse de leur chiffre d’affaires pendant le mois de juillet contre 88,8% en avril. Parmi celles qui ont travaillé en juillet, 87,4% ont enregistré une baisse de leur cashflow, 79,8% ont enregistré une baisse de la demande adressée, 59,9% ont déclaré rencontrer des difficultés d’accès aux services financiers, 52,0% ont signalé une difficulté d’approvisionnement en matière première et 45,6% sont confrontées à une baisse des heures travaillées.
Les entreprises du secteur privé ont effectué des ajustements plus importants en termes d’emplois pendant le mois de juillet : 59,0% des entreprises ont procédé à des ajustements liés à l’emploi en juillet (contre 53,7% en avril): 17,7% des entreprises ont procédé à des licenciements, 18,2% des entreprises ont accordé des congés payés et 7,2% des congés sans salaires, 10,9% des entreprises ont eu recours à des réductions salariales et 27,1% ont procédé à la réduction du nombre d’heures travaillées tandis que 4,8% des entreprises ont recruté.
La digitalisation des entreprises pour faire face à la crise sanitaire a décéléré suite au déconfinement : 9,3% des entreprises ont augmenté leur présence en ligne au 3ème trimestre contre 12,5% des entreprises au 2ème trimestre. Cette présence en ligne a principalement pour but de faciliter le télétravail et pour accomplir des tâches administratives avec des progressions notables pour l’utilisation des nouvelles technologies pour les ventes et les moyens de paiement.
L’utilisation de plans de résilience et de politiques de durabilité des activités reste très limitée chez les entreprises interrogées : seules 14,8% des entreprises déclarent disposer d’un Plan de Continuité des Activités (PCA) au 3ème trimestre, en légère progression par rapport au 2ème trimestre (13,3%). Ces PCA intègrent notamment le télétravail pour 62,9% des entreprises au 3ème trimestre, contre 26,1% des entreprises au 2ème trimestre.
Les entreprises réclament plus de mesures de soutien pour faire face à la crise : les 3 mesures dont les entreprises déclarent avoir le plus besoin sont : les exonérations/ réductions d’impôt (42,7%), les injections directes de liquidité (37,6%), et les reports d’impôts (27,9%). Davantage d’entreprises déclarent avoir bénéficié des mesures gouvernementales : passant de 9,6% au 2ème trimestre à 16,4% au 3ème trimestre. 37,6% déclarent ne pas avoir pu en bénéficier malgré leurs demandes, 15,7% des entreprises n’ont pas exprimé d’intérêt pour en bénéficier alors que 12,4% des entreprises ont affirmé ne pas avoir bénéficié des mesures de soutien à cause de la difficulté du processus.
Globalement, le taux de fonctionnement des entreprises tunisiennes est dans la norme des pays comparables. Ce taux reste même meilleur que celui des autres pays de la région MENA. Cependant, les entreprises tunisiennes ont été davantage impactées par les baisses de leurs ventes que leurs pairs.
Finalement, les entreprises tunisiennes sont moins nombreuses à avoir reçu un soutien gouvernemental : 14% des entreprises tunisiennes déclarent avoir reçu un soutien gouvernemental contre 28% en Italie, 24% en Jordanie, 22% au Maroc, 33% en Roumanie et 36% en Turquie.