Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a présenté aujourd’hui à l’assemblée des représentants du peuple la réalité de la situation économique du pays. Selon lui, le message était clair: la Banque centrale est prête à intervenir pour aider à faire face à la crise, mais cela ne doit pas annuler les réalisations en termes de réduction de l’inflation et la stabilisation du dinar.
“Grâce à la politique monétaire de la Banque centrale, nous avons réussi à ramener le taux d’inflation à 5.4%, qui reste tout de même un taux élevé, et à stabiliser le dinar face à la devise”, a indiqué Marouane Abbassi lors de son intervention à l’ARP.
Selon lui, ces réalisations sont néanmoins menacées. “La Banque centrale est prête à contribuer aux efforts de lutte contre les effets de la crise, mais cela ne doit pas nous faire perdre ce qui a été réalisé durant ces dernières années”, a-t-il indiqué. Car, d’après le gouverneur de la BCT, injecter une grande quantité de monnaie en une courte période peut avoir des conséquences drastiques sur l’inflation dont l’impact “n’épargnera personne”.
Sur la question de l’indépendance de la BCT, le gouverneur a souligné que la Banque centrale ne finance plus l’État depuis 2006. “Notre mission est de combattre l’inflation”, a-t-il indiqué. Et d’ajouter: “Nous avons réussi à ramener la liquidité à des niveaux acceptables passant de 17 milliards de refinancement depuis quelques années à seulement 10 milliards de dinars. C’est un important exploit qu’il faut protéger”.
Pour le gouverneur de la Banque centrale, trouver une solution à la crise doit commencer par la source du problème: “La compensation, la dette cumulée, et la tarification des entreprises publiques”, a-t-il précisé.
Une situation inédite, mais il ne faut pas désespérer
Pour la première fois depuis 1962, a noté le gouverneur, le PIB nominal de la Tunisie va être négatif. Et Avec une croissance de -7 et une inflation de 5%, le taux d’intérêt réel sera également dans le rouge. Il s’agit aussi d’une première depuis 1962.
La Tunisie vit en effet sous l’impulsion d’une crise sans précédent. L’activité touristique a baissé de plus de 60%, soit l’équivalent de 3 milliards de dinars, et les investissements ne représentent que 13% du PIB, a noté le gouverneur.
Ceci dit, Abassi a indiqué que plusieurs facteurs ont permis d’atténuer l’impact de la crise, tels que la filière de l’huile d’olive qui devrait rapporter 2.5 milliards de dinars en exportations d’ici la fin de l’année. La baisse du prix du pétrole à 40$ le baril, contre les 60 prévus dans la loi des finances a aussi permis de réduire le déficit commercial.