Tayara a annoncé hier son acquisition par le fonds Frontier Digital Ventures. Fondée en mai 2014 et basée à Kuala Lumpur, FDV vise à devenir le leader mondial des marketplaces dans les pays émergents. Déjà, FDV possède des marketplaces au Pakistan, en Birmanie, en Nigeria, au Maroc ainsi qu’en Amérique Latine et Centrale, nous informe Yassir El Ismaili, CEO de Tayara.
Dans une interview téléphonique avec Le Manager, El Ismaili a indiqué que cette acquisition va permettre à Tayara d’affirmer sa stratégie et d’accélérer sa croissance. Car, d’après le CEO de Tayara, “cet investisseur partage les mêmes valeurs que nous, ainsi que son expertise dans les pays émergents et les problématiques des pays émergents”. Et d’ajouter: “Le groupe duquel fait partie Tayara cherche à se focaliser dans de plus grands marchés”, a-t-il expliqué.
Sur le plan stratégique, cette acquisition ne fera donc que confirmer les choix de Tayara qui continuera, du moins pour 2021 et 2022, à se focaliser sur les marchés de l’automobile et de l’immobilier qui représentent une part considérable de l’activité du marketplace.
Mais Tayara est bien plus qu’un marketplace. Depuis son lancement en 2012 par le norvégien Schibsted, l’entreprise a développé tout un écosystème de services en ligne tels que Talents By Tayara, ImmoExpert ou encore Tayara Mall. “Tous ces services vont pouvoir accélérer leur croissance grâce à ce nouveau partenariat”, a souligné El Ismaili. Comment ? “La première décision, qui fait déjà partie du deal, est de mettre en place une équipe technique en Tunisie et que le développement soit fait ici même”, a indiqué le CEO de Tayara. Il a ajouté que parmi les priorités de l’entreprise dans les prochaines semaines sera de “trouver les bons talents en termes de développement, de direction technique, etc.”
Pour El Ismaili, cette acquisition va permettre à Tayara de bénéficier du savoir-faire et de l’expertise de la “famille” de sites sous FDV. “Ceci va nous permettre d’adresser ensemble les problématiques communes à nos marchés respectifs”, a-t-il souligné.
Tayara et la Covid
La crise sanitaire a aidé à accélérer l’adoption de l’e-commerce en Tunisie. Pour Tayara, en revanche, la situation n’était pas aussi facile surtout qu’il s’agit d’un marketplace en peer-to-peer. “Pendant les premières semaines, en mars et en avril, l’achat des articles autre que les produits de première nécessité n’était plus une priorité pour les consommateurs”, a expliqué le CEO de Tayara. “Mais nous avons pu non seulement renverser la donne mais aussi dépasser de 30% les chiffres de l’avant-covid”.
Mais contrairement à l’ère pré-Covid, la nouvelle croissance n’a pas été propulsée par l’automobile et l’immobilier ― deux marchés clés pour Tayara, mais par les biens de consommation. “Les ventes des consumer goods ont presque doublé comparés aux niveaux de l’avant-crise”, a signalé Yassir El Ismaili. Pour l’automobile et l’immobilier, en revanche, “ces marchés connaissent un ralentissement généralisé ce qui fait que même à Tayara, nous n’avons pas encore regagné les niveaux de l’avant-crise”.
Pour Yassir El Ismaili, l’e-commerce en Tunisie fait face à deux challenges clés: la livraison et le paiement en ligne.
Pour la livraison, les prix appliqués actuellement, de l’ordre de 5 dinars, sont considérés élevés surtout que la plupart des transactions dans l’e-commerce actuellement ne dépassent pas les 25 dinars. “La seule solution est la croissance globale du marché”, a indiqué le CEO de Tayara. “Ceci va permettre aux livreurs d’effectuer des tournées plus longues, ce qui permet de réduire le coût pour les livraisons”. En ce qui concerne le paiement, El Ismaili a indiqué qu’il faut accélérer le développement du mobile paiement en Tunisie. “Avec le paiement à la livraison, le taux de retour est de 20 à 25%”, a-t-il expliqué. Et d’ajouter: “Les frais de retour sont donc supportés par les plateformes et les vendeurs et ce coût est répercuté sur le prix”.
Il est clair que pour Tayara, cette acquisition représente une opportunité pour accélérer sa croissance et de renforcer sa position de leader sur le marché du peer-to-peer.