Pour la première fois, l’encours de crédits accordés par les banques et les établissements financiers aux entreprises et administrations publiques dépasse le seuil de 8 MdsTND en 2019. Selon le rapport annuel de la BCT, ces entités doivent aux banques 8 125 MTND, dont 6 351 MTND pour les entreprises publiques (5 151 MTND en 2018) et 1 774 MTND pour l’administration. En valeur absolue, l’encours net en 2019 a progressé de 1 779 MTND pour les entités appartenant à l’État contre 1 315 million de dinars seulement pour les entreprises privées.
À première vue, ce chiffre est alarmant. Néanmoins, il faut tenir compte du prêt syndiqué en devises de l’équivalent de 841 MTND au profit du ministère des Finances par 12 banques de la place ayant servi pour le financement du budget de l’État, et du financement d’une campagne exceptionnelle de céréales.
Ajustée de ces montants, nous retrouvons une répartition plus normalisée des ressources entre les opérateurs publics et privés.
Pour 2020, au vu des crédits syndiqués en devises de valeurs respectives de 1 435 MTND et de 1 180 MTND débloqués en mars et mai 2020, il faut s’attendre à un encours au-dessus des 10 MdsTND. Cela sans oublier qu’avec la crise actuelle et la chute libre des revenus de plusieurs entreprises publiques contre le maintien de leurs masses salariales, le recours aux crédits bancaires s’est accentué.
L’État va donc continuer à peser lourdement sur la liquidité disponible, bien qu’elle provienne aujourd’hui essentiellement du refinancement fourni par la BCT. Certes, cela permet à nous tous d’accéder à des services publics fortement subventionnés, mais de point de vue économique, les banques sont en train d’augmenter de plus en plus la part du risque souverain dans leurs bilans déjà bourrés de Bons de Trésor. Vis-à-vis des agences de notation internationales, nos établissements de crédits sont fragilisés davantage et nous allons le constater dans leurs ratings en devises étrangères.
Pour le moment, les banques continuent à prendre le risque de financement d’un État en grande difficulté et engranger d’importantes marges d’intérêt. Toutefois, cela ne compensera pas les coûts de la détérioration des risques corporate et du report de paiement des échéances de crédits.