Les marchés de dettes sont plus profonds et plus efficients que ceux des actions. La moindre information est immédiatement reflétée dans les taux. La Tunisie, qui a émis à maintes reprises des dettes souveraines, attire actuellement l’attention à cause des tensions politiques qui règnent dans le pays.
JP Morgan, qui a piloté les dernières sorties Eurobond de la Tunisie, vient de recommander notre dette souveraine aux investisseurs institutionnels.
Pour la banque d’affaires newyorkaise, le niveau actuel du spread tunisien reflète une prime de risque politique suffisante, en s’élargissant de 245 points de base depuis le début de l’année. Bien que la vie politique puisse demeurer chaotique pour encore une période, la désignation d’un nouveau Chef de Gouvernement a allégé les doutes qui ont surgi quelques semaines auparavant. Toute progression vers l’installation d’une nouvelle équipe à la Kasbah devrait être utile pour avancer dans les discussions avec le FMI. Cela devrait améliorer la liquidité à la disposition des autorités à court terme, renforçant sa capacité à honorer ses engagements.
Le spread de la dette souveraine se monte à 788 points de base par rapport à l’indice EMBIGD. C’est un niveau attractif surtout avec une duration courte. Le marché continue à intégrer une prime de risque du fait de la fragilité des fondamentaux du pays, avec une faible croissance, forte dette et déficits jumeaux élevés.
Par ailleurs, JP Morgan a remarqué un écart significatif avec la courbe des taux en Euro, où le z-spread de la dette tunisienne est de 950 points de base. Pour la banque, cette courbe est trop plate, où les taux à court et long termes sont à presque identiques. Elle est donc sujette à une pentification (taux long plus élevés), donc des spreads plus justes par rapport à la courbe en USD.
La dette souveraine tunisienne est donc une opportunité d’investissement puisqu’on va acheter un taux qui reflète un risque beaucoup plus élevé que celui réel. Cependant, la banque a attiré l’attention que cette dette n’est pas majoritairement libellée en USD et que son poids est très faible dans l’indice de référence (0,14%), ce qui pose un problème de liquidité. De plus, les détenteurs de cette dette sont nombreux et ont des profils très diversifiés, ce qui interdit la constitution de fortes positions à cause de coûts de transaction prohibitifs.
Un avis globalement positif qui prouve que sauver ce pays est toujours possible. Il faut juste que les hommes politiques prennent leurs responsabilités.