Lors de la période du confinement total, les enseignes de la grande distribution ont trouvé de grandes difficultés pour assurer un fonctionnement normal. Non seulement elles n’ont pas pu trouver le rythme d’approvisionnement habituel, mais les horaires d’ouverture ont été écourtés réduisant significativement le volume des ventes.
Le chiffre d’affaires des deux enseignes cotées à la Bourse de Tunis (MG et MONOPRIX) a reculé de 7,7% en rythme annuel à 370,498 MTND. Ce repli a balayé la progression du premier quart de l’année et les ventes depuis le début de l’année affichent une baisse de 1% à 762,764 MTND. Par magasin, le chiffre d’affaires a fondu à ses plus bas niveaux depuis plus de 5 ans, soit 649 996 TND (687 672 TND au premier trimestre 2020). Ainsi, la productivité a fortement baissé et le chiffre d’affaires mensuel moyen par employé s’est établi à seulement 16 748 TND contre 17 454 TND au cours du trimestre précédent. Pourtant, l’effectif moyen par point de vente a continué sa diminution à 38,8 employés/magasin, contre 46,5 en 2015.
Mais le bon côté est venu de la marge brute qui s’est appréciée. En moyenne, elle s’est établie à 18,3% au second trimestre 2020 contre 17,04% durant le premier quart de 2020. C’est l’un des niveaux les plus élevés depuis des années et s’explique par la très forte demande de tous les produits agroalimentaires, y compris ceux importés, chers et habituellement peu recherchés par les consommateurs. La peur d’un confinement long a encouragé les clients à s’approvisionner à tort et à travers.
Néanmoins, nous pensons que les niveaux de marge vont se normaliser d’ici la fin de l’année. La baisse du pouvoir d’achat et la peur implicite d’une nouvelle vague du virus à la rentrée vont impacter la composition du panier moyen du tunisien. On y retrouverait de plus en plus de matière de première nécessité, où les prix sont réglementés et les marges sont minimes.
La profitabilité du secteur serait en berne en 2020. Durant plus de deux mois, les différentes enseignes ont dû supporter des coûts additionnels pour permettre à leurs personnels d’être présents tôt dans les magasins et de partir le plus tard possible. Elles se sont organisées pour mettre gratuitement à la disposition de la clientèle le gel hydroalcoolique et toutes les conditions hygiéniques conformes aux protocoles sanitaires promulgués par les autorités. Tout cela coûte de l’argent et réduit les gains d’un secteur déjà en difficulté.
Nous pensons qu’encore une fois, les perdants dans tout ce phénomène ne sont autres que les entreprises qui remplissent les rayons des grandes surfaces. Les enseignes vont certainement tenter d’améliorer leurs profits en grignotant dans les prix d’achat et en retardant, au maximum, le paiement des fournisseurs. C’est le transfert de risque qui asphyxie les acteurs les plus fragiles de l’économie.