Le cabinet EY a présenté les résultats de la 7ème édition du baromètre des entreprises intitulé « Ni pessimisme, ni optimisme mais l’impératif de l’action» lors d’un webinaire qui s’est déroulé le 21 juillet 2020.
Le digital, un axe prioritaire selon Nizar Yaïche
Dans son mot d’ouverture, Nizar Yaïche, ministre des Finances, est revenu sur les principales mesures accordées aux entreprises. Celles-ci se répartissent en 8 axes stratégiques comprenant la modernisation de l’administration, le decashing, la numérisation…
Le ministre a mis en avant le degré de résilience des entreprises tunisiennes durant le contexte du Covid-19 en leur adressant un message : le gouvernement travaille sans relâche pour l’intérêt du pays.
« On a considéré le digital comme un axe prioritaire comme le lancement de plusieurs plateformes électroniques (nouveau Process de télédéclaration, de retenue à la source, de paiement en ligne, etc.), une refonte totale du système fiscal et de déclaration des impôts, de compte fiscal unique…) » a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Derrière ces actions, il y a une philosophie, celle de faire confiance à une administration qui contrôle moins mais beaucoup mieux qu’auparavant. Ce virage émane d’une vision globale, celle d’un Etat qui encourage et simplifie les procédures ! ».
Et de conclure sur une note positive : « Malgré cette crise et les perturbations politiques actuelles, l’ensemble de l’écosystème économique tunisien devrait voir l’avenir d’une façon positive car les fondamentaux sur le long et moyen terme demeurent encourageants ».
Principaux résultats du Baromètre 2020 des entreprises
Mounir Ghazali, Partner EY Tunisie, a commencé par préciser l’échantillon de l’étude qui a permis l’élaboration de ce baromètre.
« Il est très diversifié avec une bonne partie pour les entreprises industrielles (manufacture, services, commerce, financiers, TIC). La plupart sont des PME, ce qui reflète la structure de l’économie tunisienne dans son intégralité », a souligné Ghazali.
« Par rapport à la continuité de l’activité de l’entreprise, 55% des décideurs interrogés se sentaient menacés en 2019 contre 29% en période de post-Covid. Un chiffre alarmant dû essentiellement à une mauvaise répartition du package de soutien aux entreprises. Seulement 10% ont pu en profiter », a indiqué Mounir Ghazali. « L’instruction de la plupart des dossiers et des procédures prenait beaucoup trop de temps, compte tenu du contexte critique », a-t-il ajouté.
Concernant l’impact sur les indicateurs de l’entreprise : les projections de début d’année des chefs d’entreprise avant et après Covid dénote une baisse du chiffre d’affaires de 30% à l’horizon.
Selon eux, le budget de charge de personnel, qui est de 28%, va baisser d’un niveau supérieur à 10%. Il y a lieu d’imaginer ce qui va en découler en termes de licenciements et de réduction de l’effectif.
« Les décideurs font face à une baisse du chiffre d’affaires importante. Cela impacte directement la liquidité de l’entreprise (43% disent qu’ils vont devoir réduire de plus de 30% leur budget d’investissement). Les chefs d’entreprise jouent le jeu et essaient tant bien que mal de protéger les employés et collaborateurs mais à condition que l’Etat intervienne en leur fournissant des aides ou des compensations fiscales. Malgré tout, les chefs d’entreprise préfèrent une stimulation de l’offre et sont conscients des limites budgétaires du gouvernement tunisien. », a ajouté Ghazali.
43% privilégient la transformation digitale mais à certaines conditions
Le baromètre a également relevé que la relation entre les grandes entreprise et les startups n’était pas toujours spontanée et qu’elle avait besoin d’un cadre d’appui et d’incitation. En effet, 29% des dirigeants souhaitent être accompagnés pour opter pour une démarche d’innovation. D’un autre côté, 32% des entreprises exigent un espace encadré pour soutenir une collaboration avec les startups.
Retour d’expérience sur l’impact Covid-19 dans le secteur automobile
Imed Charfeddine, PDG de Plastic Electromechanic Company, est quant à lui revenu sur son expérience en tant que professionnel issu du secteur automobile.
« Cette période a été assez difficile pour le secteur automobile qui a accusé un arrêt de 2 mois », a souligné le responsable qui a appelé à la vigilance pour assurer la continuité des opérations.
L’autre élément significatif durant cet événement a été, selon lui, la stabilité sociale des collaborateurs. Il a ainsi salué les efforts faits par les entreprises tunisiennes en rappelant que cela a manifestement impacté leur trésorerie et leur fonctionnement.
«Aujourd’hui, l’activité des entreprises automobiles a repris avec des reculs de 20 à 25%. Une reprise potentielle peut se faire entre septembre et octobre malgré une récession globale attendue au cours des deux prochaines années », a renchéri M. Charfeddine.
Le Covid, un excellent catalyseur du e-commerce
Elyes Jeribi, président du Collège des Satartups CEO Jumia Group, a mis l’accent sur l’importance de l’innovation collaborative entre les startups et le monde de l’entreprise.
« Les gens se sont dirigés en masse vers les canaux de livraison du e-commerce et la demande a été multipliée par deux durant la période de confinement. Nous avons divisé les équipes logistiques en deux équipes distinctes, à cause des mesures d’hygiène liées aux gestes- barrières et l’adaptation au couvre-feu. Ce qu’on a remarqué d’une manière générale, c’est que la crise du Covid a été un excellent catalyseur du e-Commerce en démystifiant les achats en ligne pour le grand public », a déclaré en substance Jeribi.