Juste avant l’annonce du confinement général en Tunisie, le Tunindex était à 6 138,82 points, avec un recul de 13,81%. Aujourd’hui, il a commencé la journée à 6 605,36 points ! Le marché a bel et bien effacé une bonne partie de ses pertes liées à la COVID-19. Certains indices se sont envolés, comme les Bâtiments et Matériaux de Construction (+34,69%), Produits Ménagers et de Soin Personnel (+29,51%) et Biens de Consommation (+23,30%).
Pourtant, la situation macroéconomique est loin d’être une satisfaction. L’indice de la production industrielle publié cette semaine montre, à titre d’exemple, que le secteur des Matériaux de Construction, Céramiques et Verre a perdu 28,5% jusqu’à fin avril 2020 en rythme annuel et 81,4% sur le quatrième mois de l’année. L’inflation commence à fléchir et il n’est pas certain que le pouvoir d’achat pourrait se maintenir avec les retombées concrètes de la crise. La demande extérieure reste encore fragile surtout que notre premier partenaire, l’Union Européenne, devrait signer sa plus mauvaise performance depuis la grande guerre avec une décroissance de 8,3%. Les chiffres les plus effrayants concernent l’Italie qui verrait son PIB se rétracter de 11,2%.
Les entreprises de la Cote, qui opèrent dans cet environnement, ne pourront pas échapper à ses conséquences, quelque chose que les investisseurs semblent sous-estimer. L’absence d’une communication claire de la part des sociétés ont encouragé de tels comportements. Si certaines d’entre elles ont donné quelques éléments lors de leurs Assemblées Générales, des simulations chiffrées manquent encore, notamment dans l’industrie financière.
Ne pas communiquer de mauvaises informations est une erreur. En 2020, ce ne sont pas les bénéfices qui vont compter. C’est plutôt la capacité du manager à prendre les bonnes décisions au bon moment de sorte à alléger les effets de la crise sanitaire qui prime. La transparence avec les actionnaires est le meilleur goodwill qu’une entreprise cotée puisse créer car ce capital confiance pourrait être monétisé plus tard.
De plus, l’entreprise pourrait se retrouver victime de la communication d’une autre boîte. En Bourse, comme dans la vie, la bonne nouvelle a un impact limité, contrairement à la mauvaise qui peut concerner toute la Place. Il suffit qu’une banque annonce de mauvais chiffres pour que tout le secteur paie le prix.
L’appel du Conseil au Marché Financier aux entreprises de communiquer a donc sa raison d’être. Les investisseurs pensent que les cours ont atteint leurs plus bas niveaux et que la crise est pricée alors que ce n’est pas vrai. Il faut donc faire très attention à cette petite euphorie sur le marché car un coup de frein est plus que probable.