Après une période de répit, le Trésor a commencé le mois de juin sur les chapeaux de roue. C’était attendu avec l’intention de l’exécutif de réduire significativement son recours à l’endettement extérieur et de mobiliser le maximum de ressources internes.
Ainsi, le 2 juin, la sortie de BTA a permis de collecter 357,4 MTND. Le 6 juin, la levée via l’émission de BTC a atteint 210 MTND. Une jolie somme qui donne une bouffée d’oxygène aux comptes publics. Il ne faut pas oublier que nous entrons actuellement dans la gestion des retombées de la crise sanitaire. Si durant les deux mois de confinement l’État avait une certaine marge de manœuvre et a bénéficié du mécanisme spécifique mis en place par le FMI, il doit maintenant compter sur ses propres moyens pour relancer l’économie.
Les chiffres de l’exécution du budget fin mars 2020 n’inspirent pas confiance. Les ressources propres ont baissé de 4,1% en rythme annuel, avec un recul des recettes fiscales de 8,3%. Durant avril et mai, les entreprises ont bénéficié du report des échéances fiscales et tout ne serait nécessairement pas récupéré en juin. Il faut donc faire le plein de ressources pour se préparer à une potentielle forte glissade des revenus fiscaux durant les prochains mois.
De leur côté, les banques ont pu placer de l’argent à de bons taux, avoisinant 9,7% pour l’échéance juillet 2032. La situation actuelle fait que l’appel au marché resterait intensif d’ici la fin de l’année et nous tablons sur une contribution record du marché local au financement du Budget. Placer est l’une des principales activités des banques et cela ne signifie pas nécessairement que l’État concurrence les entreprises. Néanmoins, si ça dépasse un certain seuil, cela devient inquiétant.
Dans un contexte marqué par l’incertitude, les établissements de crédit vont préférer le risque souverain à celui corporate. En même temps, gonfler les bilans par les titres de l’État implique un transfert du risque de ce dernier vers les bilans des banques, ce qui les fragilise davantage aux yeux des agences de notation. Les acteurs du marché financier et l’État sont plus que jamais dans le même navire.