‘’Celui qui sait écouter deviendra celui qu’on écoute’’, disait Ptahhotep, un visir de l’Egypte antique. Et telle est la principale recommandation de Mohamed Jerad, DG de Radisson Blu Djerba, pour sauver la saison hôtelière. Jerad le confie au Manager avec sa manière directe et sa compréhension profonde du marché tunisien : ‘’C’est une année de résistance que nous sommes en train de vivre. Pour les hôteliers, il est simplement question de sauver ce qui peut l’être…’’
Ecouter les professionnels
C’est donc hanté par ce must d’écoute que Jerad cite quelques exemples : l’importance du printemps pour les touristes lambdas comme pour les voyageurs business, l’ascendant de la Ghriba qui ne dure qu’une semaine mais qui donne un avant-goût de la saison avec les échos qu’elle draine à l’étranger, l’augmentation de 300% des réservations de camping en France qui taillent dans notre clientèle classique avec des pertes de 30%…
Les hôteliers savent ce que veulent dire ces indicateurs et Jerad, qui vient de participer à un Webinar où ils se sont largement exprimés, reprend leur inquiétude de ce que le gouvernement semble plus enclin à écouter le Comité Covid-19 du ministère de la Santé plus qu’eux. Ils sont inquiets du retard de la Tunisie à assouplir les protocoles sanitaires : ‘’Je suis en train d’appliquer deux protocoles : l’un m’a été envoyé par notre société mère, et l’autre par l’ONTT. Et chacun a ses exigences et ses restrictions. Par exemple, l’ONTT exige 2,5 m d’espace entre les tables alors que, pour les cafés, il n’exige qu’un seul mètre ! De plus, on ne nous a pas fait bénéficier du paragraphe sur l’Open Air, ce qui fait qu’en terrasse, nous en sommes également à 2,5 m. Pourquoi ne nous a-t-on pas permis 1 m en extérieur, comme c’est le cas en France par exemple ?’’
Ne pas tomber dans la panique
Mohamed Jerad reconnaît que c’est seulement au moment où il y aura un vaccin anti-Covid-19 que le tourisme international reprendra mais, entre-temps, le plus grand défi sera de restaurer la confiance dans le site Tunisie. Le tout étant de ne pas tomber dans la panique et d’identifier de bons points de départ. Par exemple en capter les plus fidèles, les plus téméraires, ‘nos irréductibles Gaulois’.
Il dénonce la principale entrave à la relance : ‘’Il faut commencer à tempérer la communication du comité Covid-19, qu’ils arrêtent les messages de frayeur pour rétablir la confiance au plus vite. Le pays a besoin de signaux positifs. La vie doit continuer et les voyages aussi.
La Tunisie exige des mesures dures sur site et demande aussi un test Covid-19 négatif pour chaque voyageur. Le plus gros de notre clientèle sont les couples avec deux enfants. Est-ce qu’ils vont faire la queue pour payer quatre fois 60 euros (coût du test) ?’’
“Venez en toute confiance et en toute sérénité, la Tunisie vous attend !”
Pour Jerad, c’est simple : la vie continue. Et si les décisions préventives du gouvernement ont été appréciées, il regrette certaines exagérations et espère que les choses vont s’assouplir au plus vite. A court terme, les labels peuvent aider. Nous avons la chance d’avoir de bons ratios, d’excellents classements et c’est tant mieux, mais il faut passer à l’étape suivante au plus vite, tourner la page : ‘’Il y a plus de 200 destinations touristiques dans le monde et la concurrence est extrêmement acerbe. Ceci est d’autant vrai pour le segment sur lequel travaille la majorité des sites en Tunisie ayant comme concurrents directs la Turquie, l’Egypte, le Maroc… Nous devons uniquement communiquer sur le protocole sanitaire en invitant les touristes à venir chez nous, il faut aussi travailler sur la confiance avec des conceptions positives. Celui qui va venir en Tunisie ne va pas le faire parce que nous aurions vaincu la Covid-19 et parce que nous avons un protocole sanitaire extra. Il viendra parce qu’il sait qu’il y éprouvera du plaisir, parce que le climat est excellent, les Tunisiens sont accueillants. Et parce qu’il y a un excellent rapport qualité prix. Il faut mettre en avant les atouts de la Tunisie : venez en toute confiance et en toute sérénité, la Tunisie vous attend !’’, propose notre interlocuteur.
Selon lui, les gens ne veulent pas que la Tunisie change, ils tiennent à nos plages, à notre ambiance, à l’odeur du jasmin… et ils ne veulent pas se trouver face à un distributeur de gel chaque trois mètres !
La Tunisie demeure la destination que vous avez aimée, qui plus est, est recommandée par le magazine Forbes comme une des 7 meilleures destinations post-Covid-19.