Bien que les spéculations sur un recul du rôle américain dans l’économie mondiale post COVID-19 soient à leur plus haut, la réalité est totalement différente.
Depuis des décennies, l’essentiel du commerce mondial et des économies émergentes sont financés à travers le marché du dollar offshore. Avec la crise sanitaire, les différentes banques centrales se sont rendues compte que l’exposition des entreprises européennes, sud-américaines et asiatiques à la monnaie américaine est tellement importante qu’elles risquent de ne pas pouvoir leur fournir du dollar. Non seulement ces entreprises ont des dettes libellées en cette monnaie, mais elles ont massivement investi dans des actifs américains à rendements plus élevés. Par rapport à ce qu’offrent les autres économies et leurs taux d’intérêt négatifs.
De plus, les Etats ont leurs propres besoins pour couvrir leurs déficits courants, rembourser les emprunts extérieurs et fournir des liquidités à leurs systèmes bancaires. La pandémie a causé des sorties importantes de fonds et des chutes des recettes touristiques et d’exportation des matières premières des pays émergents.
Pour éviter le pire, le FMI et la Réserve Fédérale ont rapidement lancé des programmes pour prêter des dollars. Les américains ont mis en place des swaps en dollars en faveur de 13 pays (Angleterre, Canada, Japon, Suisse, Australie, Danemark, Norvège. Ainsi que le Singapour, Brésil, Corée du Sud, Mexique, Nouvelle-Zélande et Suède) et la Banque Centrale Européenne. Ce sont donc des options offertes à des économies solides avec des banques centrales indépendantes.
La valeur de ce programme depuis le début du mois de mars a atteint la somme astronomique de 19 499 milliards de dollars. Le Japon en a consommé 9 347 milliards, la BCE 6 877 milliards et l’Angleterre 1 252 milliards.
Grâce à ce soutien, l’Oncle Sam est quasi certain que la dépendance des marchés vis-à-vis de sa monnaie est bien partie pour rester pendant les années à venir. Il a également atteint un autre objectif : éviter tout choc sur le marché des Treasury bonds et celui du dollar onshore. C’est l’art de la politique monétaire.