L’investissement est le moteur de la croissance et un signe de l’état de santé des entreprises, surtout en cette période très particulière. C’est encore plus important d’analyser les chiffres du premier trimestre car il reflète une situation peu encore touchée par la crise sanitaire.
L’investissement initié par un échantillon de 31 sociétés cotées à la Bourse de Tunis a chuté de 17,6% à 71,676 MTND, par rapport à la même période en 2019. C’est l’un des plus bas niveaux enregistré sur les dernières années. Seules 8 sociétés ont mis plus d’argent. Parmi elles, nous trouvons les plus gros investisseurs classiques de la Place, à savoir la SFBT (11,547 MTND), OTH (10,671 MTND) et SAH (5,674 MTND).
À titre de rappel, ces mêmes entreprises ont investi en 2018-19 une enveloppe totale de 1,087 MdTND, dont 532,994 MTND l’année dernière. Le début de 2020 est donc très loin d’être prometteur surtout que toutes les sociétés vont plutôt préserver de la liquidité jusqu’à ce que l’horizon s’éclaircisse davantage.
Et pour que l’investissement reprenne, il faut donc que les ressources bancaires soient disponibles. Il est rare de voir une entreprise industrielle tunisienne faire appel au marché obligataire pour lever des fonds. Au cours du premier trimestre, l’encours de l’endettement de notre échantillon de sociétés s’est établi à 2,840 MdsTND. Par rapport au mois de décembre 2019, c’est une baisse de 120,207 MTND. Cela explique, en partie, la baisse des investissements.
Mais si nous examinons davantage la structure de cet endettement, nous constatons que la dette à long et moyen terme (celle supposée servir à investir) a progressé à 1,092 MdTND, une hausse de 7,5%. Logiquement, une partie de ces fonds vont donc se transformer en investissements au cours du second trimestre de l’année, limitant ainsi la casse.
L’essentiel de l’encours est plutôt à court terme et sous forme de crédits de gestion. Avec la crise actuelle, cette proportion devrait croître davantage avant de voir une consolidation massive vers la fin de l’année. Autrement, ce sont les bilans des établissements de crédits qui vont payer le prix en termes de qualité. Un circuit fermé tuniso-tunisien auquel il faut faire très attention car ça ne sert à rien de transférer le risque d’une entité économique à une autre. Toute défaillance sera payée cash au niveau de la croissance et de la paix sociale.