Crise sanitaire mondiale oblige, les efforts sont conjugués de toute part afin de faire face à cet ennemi invisible. La Tunisie s’inscrit en faux quant à un système de Santé publique fiable, viable et de surcroît à capacités élevées. Ceci est un fait, et il va falloir y pallier. La plateforme Med.tn se joint aux efforts déployés par le ministère de la Santé dans sa guerre menée contre le Covid-19. Une initiative réfléchie, pertinente et salutaire qui consiste à proposer le service du test numérique du Coronavirus, le suivi par un médecin et la prise en charge par le SAMU en cas de contamination confirmée. L’idée est d’abord de prêter main forte aux structures publiques et ensuite de décongestionner un tant soit peu le service du 190. Emna Jellouli, manager commerciale et marketing de la plateforme, fait un tour de table de ladite initiative.
Prêter main forte au 190
“Ce que nous proposons entre autres sur Med.tn est la consultation numérique des médecins toutes spécialités confondues. Des patients peuvent poser des questions et les réponses leurs sont fournies de manière personnelle. Lorsque la crise du Covid-19 s’est déclenchée, nous avons pensé à mettre en place sur la plateforme un test numérique. Nous avons bien entendu sollicité l’accord de l’Ordre des Médecins ainsi que du ministère de la Santé qui n’a pas tardé à venir” indique Emna Jellouli. Le principe est tout simple : il s’agit d’un petit questionnaire qui se fait à titre anonyme dont les réponses pourront déterminer, dans un premier temps, l’état de la personne qui s’y soumet. Un médecin prend les commandes lorsqu’il y a un doute sur les symptômes piochés dans les réponses aux questions. Dans ce cas, il y a une intervention à un deuxième niveau dans le cadre duquel le médecin prend contact avec l’éventuel malade pour un questionnaire approfondi. Si à l’issue de ce dernier le doute persiste voire se confirme à plus haute raison, le médecin prend alors contact avec le SAMU afin qu’il se déplace chez l’éventuel malade et effectue un prélèvement. Emna Jellouli explique à cet effet : “En plus du test numérique, nous avons également transformé le contenu de la plateforme pour en dédier la majeure partie au Covid-19. Nous avons donc mis en ligne des articles informatifs, et notamment des questions/réponses concernant le virus”.
Le temps qui compte
Les temps de crise sont durs et la réaction aux premières retombées doit se faire à une grande vitesse. Cela n’a pas tout à fait été le cas pour l’initiative de Med.tn en ce qui regarde le test numérique. En effet, Emna Jellouli indique que les pourparlers ont duré près de trois semaines, ce qui paraît plutôt une longue période dans un contexte où une journée peut faire la différence. “Si la mise en place de cette initiative a pris autant de temps c’est en raison du nombre des parties intervenantes. Il y a notamment le SAMU et la cellule psychologique que nous allons activer très prochainement sur le site. Vous savez que le confinement qui dure peut avoir des retombées quelque peu fâcheuses sur les citoyens de surcroît s’ils sont en attente de résultat du test de Covid-19. La cellule psychologique permettra de les prendre en charge en cas de besoin. Par ailleurs, et en dehors du temps que cette structure a requis, nous avions toutefois gagné en matière de disponibilité technique. En effet, nous avions déjà la solution technique, la base de données des médecins, et cela a été notre point fort”. Bien entendu, il fallait s’engager, dans le cadre de ce partenariat public/privé à suspendre toute publicité sur le site pendant cette nouvelle mise en place. “Nous y croyons beaucoup en cette initiative, elle se fait à titre gracieux!” souligne Emna Jellouli.
Quel avenir pour la télémédecine en Tunisie ?
Pour l’heure, il n’est pas totalement permis de parler de télémédecine en Tunisie en l’absence d’un cadre légal. “Il n’existe pas de décret de loi qui réglemente le secteur. Les solutions technologiques sont déjà prêtes et appliquées dans un cadre très strict au sein d’institutions mais ne peuvent pas être généralisées au grand public. Il est surtout question de données personnelles, et il est plus que jamais temps de faire le nécessaire afin d’activer la télémédecine. D’ailleurs, nous en avons parlé avec le ministère et je pense qu’une fois la crise du Covid-19 sera passée, ce décret de loi sera l’une des premières priorités à faire”. Il sera également question de réfléchir à la possibilité de délivrer des ordonnances électroniques notamment pour les patients ayant des maladies chroniques. De plus, si la pandémie dure, il faut bien installer un système qui permet cette délivrance et la mesure se trouve sur bon chemin. Emna Jellouli dit à ce propos, qu’au final, la télémédecine reste difficile à mettre en place dans l’immédiat car il n’est pas possible de protéger les patients et leurs données sur des serveurs tunisiens.