Ne dit-on pas que nécessité est mère d’inventivité? Qu’à cela ne tienne ! En Tunisie, comme certainement dans un peu partout dans le monde, la crise sanitaire du Covid-19 a donné un coup de pied dans la fourmilière, en ce sens qu’elle a fait jaillir des capacités opérationnelles et structurelles fort importantes. Sous nos cieux, il s’agit essentiellement de la fameuse digitalisation. Hélas ! Jusque récemment, elle s’est opérée de manière timide et non généralisée. Aujourd’hui, l’on assiste à une émergence extraordinaire de cette phase indispensable. Les initiatives en la matière se sont succédées sans pour autant se ressembler. Ultime objectif : assurer le passage à l’ère du numérique et du digital.
Et Dyxis n’est pas en reste ! Cette société canado-tunisienne se positionne actuellement comme la référence du cloud managé sur le marché tunisien en termes de haute disponibilité et de qualité de support. Son CEO, Skander Zoghlami, nous livre les clés de l’initiative entreprise par sa société afin de faire face aux répercussions de la crise du Covid-19. En effet, avec son équipe, ils ont mis en place une plateforme de visioconférence dédiée aussi bien aux entreprises, qu’aux étudiants et professeurs des universités. Objectif : offrir la possibilité de garder le contact et poursuivre une communication constante et immédiate en ces temps de confinement. Le télétravail étant mis en place par de nombreuses entreprises, il n’en demeure pas moins que la question de tenue des réunions n’ait pas été résolue. “Face à ce besoin, nous avons mes collègues et moi pensé à mettre en place une solution à l’adresse de nos clients et des Tunisiens en général. En cinq jours, nous avons travaillé sur des éléments de base dont nous disposons au sein de Dyxis et y intégrant des solutions d’open source existant sur le marché et nous l’avons installée sur notre espace cloud hébergé en Tunisie” explique Skander Zoghlami. Il s’agit, en outre, d’une initiative citoyenne disposée à titre gratuit et qui est destinée à toutes les entreprises publiques, tous les établissements éducatifs publics, ainsi que pour les conférences de presse.
Gagner du temps et de l’argent
“Nous avons travaillé en premier sur le changement de l’état d’esprit des Tunisiens. Nous n’avons aucun but lucratif tout du moins pour l’heure. Dans l’immédiat, nous travaillons sur deux objectifs à savoir : d’abord aider les gens afin qu’ils puissent respecter le confinement tout en continuant à travailler, ensuite travailler sur le changement du comportement du Tunisien vis-à-vis du digital” indique Skander Zoghlami qui insiste sur l’importance de démontrer que le digital doit être perçu comme un moyen de facilitation de la vie de tous les jours et que son utilité dépasse amplement celle liée à l’utilisation des réseaux sociaux. “Il s’agit carrément d’un mode de vie si l’on souhaite aller loin dans le concept. Aussi, mettre en œuvre la digitalisation doit impliquer que les Tunisiens doivent faire confiance aux prestataires de services cloud tunisiens au lieu de s’orienter vers les étrangers. Ici, nous disposons de grandes compétences en la matière, nous disposons également de la souveraineté des données, ce qui nous encourage à favoriser le local” poursuit le CEO de Dyxis. Tout cela est bien beau. Toutefois, nous sommes en droit de s’interroger sur la pérennité de pareil service après le passage de la crise sanitaire. A cela, Skander Zoghlami réplique : “En fait, les Tunisiens ayant fait appel à ce service ont eux-mêmes été surpris de son efficacité. Ils ont constaté que cette solution est très pratique et leur fait gagner du temps en leur évitant de se déplacer. Nombreux sont ceux qui l’ont essayé, et ont exprimé leur souhait de continuer à utiliser cette solution. Il faut savoir qu’il n’y a pas que les entreprises qui peuvent utiliser cette plateforme de visioconférence. Il y a également les centres de formation qui y font recours et qui leur fait gagner du temps et des coûts de déplacement”.
Un business modèle mais pas tout de suite !
Pas de place donc à la barrière de réticence face à cette solution 100% digitale même auprès des plus sceptiques. Le besoin a, en effet, fait pencher la balance en faveur d’une solution qui n’aurait certainement pas eu le même succès en temps normal. La tombée de cette barrière a facilité l’installation de cette solution dont le potentiel dans l’avenir n’est plus à prouver. Skander Zoghlami se dit d’ailleurs totalement optimiste et opte pour la réflexion sur un business modèle : “Eu égard au fait que nous avons pensé à la mise en place de cette solution à, chaud, nous n’avons pas eu le temps de penser au business modèle. Il faut souligner que cette solution est très coûteuse en termes de ressources matérielles et bande passante. Et bien que nous faisons gagner de l’argent aux opérateurs téléphoniques car nous utilisons une bande passante locale, ces derniers nous facturent l’utilisation du réseau Internet. Certains fournisseurs de services Internet nous ont proposé des partenariats sur ce projet. Nous réfléchissons au fait de mettre à la disposition des services payants et d’autres gratuits dans le cadre de ce projet. Notre business modèle doit être fiable afin de garantir le succès et la pérennité de ce projet. Dans l’essence, nous ne cherchons pas de faire de gros profits mais de faire gagner à tous une solution pratique”. Skander Zoghlami se dit très optimiste aussi bien pour son projet mais également en ce qui regarde l’avenir des startups. Selon lui, elles font preuve d’une grande proactivité et réactivité pour faire face à la crise du Covid-19. Elles assurent même bien mieux que les grandes entreprises avec toutes les innovations qu’elles mettent en place sur un fond d’un nouveau souffle bien propre à elles. Il faut dire que le modèle économique des startups est totalement différent de celui des grandes entreprises. De ce fait, ces dernières perdent un peu de leur efficacité et se doivent de réfléchir à une mise à jour leur permettant aussi bien de conserver leur part de marché actuelle mais également d’en gagner davantage. Une cohabitation entre les grandes entreprises et les startups sur le marché peut parfaitement être envisageable à condition d’y mettre les moyens des deux côtés.
La digitalisation est donc mise en marche, pour de vrai, dira-t-on ! En ces temps difficiles de crise sanitaire mondiale, Skander Zoghlami, comme bien d’autres, appelle à poursuivre cette mise en marche voire de l’accélérer. C’est une priorité pour les entreprises qui seront à même d’adopter davantage de flexibilité grâce à la digitalisation. C’est, en outre, des process de production et d’opération qui se verront changer grâce à la digitalisation. Mais encore et surtout, il faut que l’État suive cet élan, la transformation digitale n’aura pas de retombées positives que si elle est entreprise par les structures de l’État. Ce dernier est un partenaire de premier ordre de toutes les entreprises, il se doit donc d’être sur la même lignée qu’elles. Il y va de la prospérité des opérateurs économiques et par ricochet, de l’économie nationale.