Le mois de février s’est achevé sans que le marché obligataire ne soit sollicité de nouveau par les sociétés faisant appel public à l’épargne. A cette date de l’année dernière, deux établissements de crédit (ATL et BH Bank) avaient émis leurs prospectus. Pourtant, les OPCVM obligataires semblent être en bonne santé depuis le début de l’année avec une reprise au niveau de l’actif net.
Il faut dire que 2019 n’était pas une année particulièrement bonne pour le marché de la dette publique et privée corporate avec seulement 11 sorties. Les montants effectivement levés ont atteint 460 millions de dinars, le chiffre le plus faible depuis 2013. Pourtant, les remboursements (principal et intérêts) ont été de l’ordre de 848 millions de dinars. L’ampleur de la différence entre les inflows et les outflows est intrigante car il serait difficile que l’activité économique des emprunteurs puisse générer une telle trésorerie.
Historiquement, les compagnies de leasing ont été les principaux intervenants sur ce marché alors que les banques émettent surtout de la dette subordonnée, considérée comme des fonds propres. Au cours de l’exercice écoulé, les loueurs ont changé de stratégie. Avec la montée des risques et du coût de refinancement, ils ont préféré réduire le volume du new business financé par la dette obligataire et se focaliser sur le recouvrement et le remboursement. Ainsi, l’endettement du secteur a fondu de plus de 354 millions de dinars en une année, soit quasiment le gap évoqué plus haut.
De plus, avec les lignes de financement mises à disposition par la BERD et dans le cadre de coopération bilatérale avec certains pays, les schémas de financement de la plupart des compagnies sont bouclés, au moins pour ce début d’année. Nous nous dirigeons donc vers un volume de levées de fonds semblable à celui de 2019. Selon les chiffres de Tunisie Clearing, les remboursements prévisionnels de 2020 seraient de l’ordre de 834 millions de dinars, quasiment stables par rapport à l’année précédente. D’ailleurs, avec la forte concurrence de l’Etat, via l’émission de BTA/BTC, il serait peu évident de pouvoir lever des montants conséquents. Meilleure illustration : le rallongement des délais de souscription dans l’emprunt obligataire de la BIAT, meilleure signature en Tunisie. Le maintien des taux d’intérêt à des niveaux élevés joue également contre l’expansion du marché de la dette obligataire. Les investisseurs préfèrent rester sur des échéances courtes, particulièrement les billets de trésorerie. Ceux qui ont le cash vont continuer à dicter leur loi jusqu’à nouvel ordre.