Pour la troisième année de suite, la Tunisie mobilise des ressources en devises auprès du système financier. Hier, le Ministère des finances a signé un accord de prêt en faveur de l’Etat pour la somme de 455 millions d’euros auprès de 17 institutions financières. Le taux d’intérêt varie entre 2% pour la maturité 2 ans, 2,25% si elle est de 3 ans et 2,75% si elle est de 5 ans.
Pour rappel, lors des deux précédentes ‘sorties’ en interne, l’Etat avait respectivement levé 250 et 365 millions d’euros, dépassant ainsi le seuil de 1 milliard d’euros en 3 ans. Cette opération était prévue par la Loi de Finances 2020 et est loin d’être une surprise. Elle constitue une étape importante avant d’effectuer une sortie sur l’Eurobond ou de faire appel aux institutions financières internationales. Avec le niveau d’endettement actuel, l’Etat a besoin de prouver qu’il a exploité toutes les ressources internes avant de se tourner vers des bailleurs de fonds non locaux.
Par ailleurs, il faut noter qu’il s’agit bien d’une opération blanche sur nos réserves de change. En fait, ces devises sont considérées non cessibles (appartenant essentiellement aux entreprises offshore et déposée dans des comptes à terme et ne peut être utilisée par la banque dans les opérations d’exploitation librement) et font déjà partie du stock actuel de devises. De plus, cela montre qu’il y a une nette amélioration dans les dépôts en devises auprès du système bancaire. L’appréciation du dinar et les niveaux de taux d’intérêt ont encouragé les opérateurs économiques à détenir plutôt la monnaie locale.
C’est une opération win-win entre l’Etat et les institutions financières. Pour ces dernières, la rémunération offerte reste plus intéressante par rapport à ce qu’elles peuvent obtenir sur le marché, étant donné les restrictions réglementaires. Pour l’Etat, le taux est en ligne avec le coût effectif actuel de sa dette externe, qui est de 2,4% selon Moody’s.
Bassem Ennaifer