Fidèle à la tradition, l’ONG Oxfam publie ses chiffres – chocs – sur les inégalités dans le monde à la veille du Forum Economique de Davos. Ce dernier, à titre d’information, aura lieu du 21 au 24 janvier 2020. L’objectif de l’ONG est de pousser les décideurs et dirigeants du monde à agir face à la pauvreté et à la montée vertigineuse des inégalités, et ce en vue d’améliorer la situation.
Ainsi, dans son dernier rapport, Oxfam a indiqué que 1% de la population détient plus du double de la richesse de 90% de la population mondiale. En termes de chiffres, l’ONG souligne que les 22 hommes les plus riches possèdent la richesse que toute la population féminine africaine détient. Pis encore : 2 153 milliards de personnes détiennent plus de richesse que 60% des habitants du monde entier !
Des riches encore plus riches
En fait, c’est à la fois choquant, mais aussi tristement prévisible. En effet, depuis plusieurs années, les inégalités entre les riches et les pauvres n’ont eu de cesse de croître. C’est une “absurdité” selon la porte-parole d’Oxfam France.
Sur RFI, elle a dénoncé la défaillance du système économique. Elle considère qu’il est inadmissible “qu’une poignée de milliardaires côtoie une pauvreté encore trop importante”. “Près de la population mondiale vit avec moins de 5 euros par jour selon le seuil de pauvreté défini par la Banque Mondiale (BM)”, a-t-elle précisé.
Dans ce même contexte, Oxfam a souligné que les riches se sont davantage enrichis ces dernières années. De fait, leurs fortunes ont profité d’une rentabilité annuelle moyenne de 7,4%. C’est, en fait, une rentabilité “démesurée” selon Oxfam. Pas seulement : ces mêmes grandes fortunes ont profité d’une baisse de la fiscalité, d’autant plus que les multinationales font de leur mieux afin d’échapper au regard du fisc. “4% de la fiscalité émane de l’impôt sur la fortune”, précise encore la porte-parole d’Oxfam.
Les femmes, premières victimes du système économique
D’autre part, l’ONG a assuré que l’extrême richesse était sexiste. Autrement dit, les femmes sont les plus touchées par les inégalités dans le monde. “Les grandes perdantes du système économique”, lit-on dans le rapport, qui déplore l’injustice et le sexisme de ce même système. “Les femmes assurent 75% du travail domestique non rémunéré dans les pays du Sud. Ce travail de soin pèse 10 800 milliards de dollars, ce qui représente le triple de la valeur du secteur du numérique mondial qui est pourtant en plein essor”, lit-on encore.
L’ONG, dans cette optique, veut dénoncer l’inégalité dans le partage de ce travail de soin. Compte tenu des mentalités, ces tâches domestiques sont plutôt attribuées aux femmes. Les conséquences sont graves selon la porte-parole d’Oxfam : “Les femmes sont moins indépendantes économiquement, car faute de temps, elles ne peuvent pas intégrer le secteur professionnel, associatif ou politique”, a-t-elle déploré. En termes d’heures, il s’agit d’un travail de 12,5 milliards d’heures de travail selon la même source.
Un accès aux soins de plus en plus difficile
D’autre part, le rapport d’Oxfam a indiqué que 2,3 milliards de personnes auront besoin de soins d’ici 2030, ce qui représente une hausse de 200 millions de personnes par rapport à 2015. D’un autre côté, l’ONG a affirmé que les changements climatiques risquent d’empirer la crise des soins. En effet, jusqu’à 2,4 milliards de personnes vivront dans des régions où une pénurie d’eau sera observée d’ici 2025. Dans ces zones reculées, ceux qui ont l’habitude d’assumer la lourde tâche d’apporter de l’eau potable – les femmes et les filles – auront à parcourir des kilomètres supplémentaires.
Nous voici, donc, à la veille du Forum de Davos. Les gouvernants vont-ils prendre conscience de la nécessité d’agir face à la montée des inégalités ? Pas si sûr. Aujourd’hui, dans un monde sauvagement mondialisé, consommateur et pollueur, chaque puissance essaie de tirer la couverture vers son côté, sans tenir compte des conséquences dramatiques de ses décisions sur les populations fragiles et, surtout, sur la planète, notre seul habitat. Le seul dans ce vaste et infini univers…
F.K