Les concessionnaires automobiles sont parmi les opérateurs économiques les plus touchés, négativement, par les réglementations. Non seulement le business est régi par un système peu clair de quotas, mais ces derniers ont été revus à la baisse de 20% en 2018 et 2019. Lors du premier semestre, aucun concessionnaire n’a été épargné par la baisse des résultats nets. En total, les profits ont fondu du tiers pour les trois sociétés qui ont publié leurs comptes (Ennakl Automobiles, City Cars et ARTES).
Si le quatrième opérateur, UADH, n’a pas affiché ses états financiers, il nous a fourni un détail important sur la tendance du marché à l’occasion de la publication des chiffres trimestriels. Pour les véhicules légers, et sur les neuf premiers mois de l’année, une baisse de 11% a été observée dans les nouvelles immatriculations. La demande pour les véhicules industriels est également en chute de 30,7% avec seulement 567 unités immatriculées jusqu’à fin septembre 2019.
Les performances du groupe des concessionnaires cotés à la Bourse de Tunis semblent s’améliorer au cours du troisième quart. Le chiffre d’affaires a légèrement progressé de 3,5% à 238,218 MTND, portant les ventes annuelles à 744,988 MTND, en légère baisse de 1,3%. Il y a donc de fortes chances pour terminer l’année sur des volumes stables.
La bonne nouvelle concerne la profitabilité opérationnelle. Après le déclin du premier semestre, tous les concessionnaires ont pu améliorer leur marge brute. En moyenne, elle est passée de 12,3% au troisième trimestre 2018 à 15,4% une année après. Cela a permis à la marge moyenne annuelle de se redresser à 16,3% contre 15,1% en septembre 2018. L’effet taux de change est visible puisque la reprise du dinar, qui signifie un meilleur prix d’achat, ne conduit nécessairement pas un prix de vente revu à la baisse.
Nous devons alors s’attendre à une amélioration des résultats d’exploitation au cours du second semestre. Néanmoins, et puisqu’à partir de l’année 2019, le secteur a été soumis à l’impôt sur les sociétés au taux de 35% avec une imposition supplémentaire de 1 %, au titre de la Contribution Sociale de Solidarité, les résultats nets devraient baisser davantage. Pour les dividendes, ils seraient stables au meilleur des cas. Déjà, les concessionnaires ne disposent plus du trésor de guerre d’auparavant. Certains d’entre eux qui appartiennent à des groupes servent de banques internes en souscrivant aux billets de trésorerie des autres filiales.
Pour les investisseurs en Bourse, un distributeur qui risque de ne pas offrir un dividende généreux n’est pas une bonne opportunité d’investissement. Avec le cadre réglementaire en vigueur, le potentiel du secteur est limité. Le libéraliser serait même une mesure déflationniste à terme car la concurrence ne peut que faire baisser les prix.
Bassem Ennaifar